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Grand Angle (Editions Bamboo) règle ses comptes avec George W. Bush

Par Patrice Gentilhomme le 14 octobre 2009                      Lien  
Les auteurs de Grand Angle seraient-ils insensibles à l’effet Obama ? Trois productions de la collection réaliste nous dressent le portrait de personnages emblématiques d’une Amérique d’après le 11 septembre dans laquelle la perte de repères idéologiques et affectifs sert de toile de fond à des récits sombres et passablement pessimistes. Sombre et perturbée, l’Amérique selon Bamboo à travers trois séries récentes!

Grand Angle (Editions Bamboo) règle ses comptes avec George W. BushAvec la fin du cycle Oukase, les aventures de l’agent Sirweed Galver se terminent dans un happy end apaisant pour le héros et... le lecteur ! Cet agent de la CIA sur le retour s’est brusquement retrouvé au fil des quatre albums (quatre semaines dans l’histoire) au cœur de coups fourrés (pour ne pas dire tordus) où agents doubles, anciens du KGB et membres influents de la mafia russe se disputent un incroyable butin : le détournement des fonds utilisés pour racheter les actifs pétroliers sibériens.
Dans un climat d’après guerre froide tendu et accéléré, cette histoire qui mêle intérêts économiques et trafic d’influence en tout genre est menée tambour battant… au risque parfois de perdre le lecteur qui n’aurait pas intégré toutes les subtilités d’un scénario dense et particulièrement riche en rebondissements. Les morts ne sont pas vraiment morts, les bons ne le sont pas forcément non plus et les nombreux aller-retours d’Est en Ouest donnent parfois le tournis. L’action est rapide et se nourrit en permanence de références à une actualité géopolitique impitoyable.
Trahison, retournements, tortures et cascades figurent au menu de thriller économique et politique où le héros est lui-même perturbé dans sa vie personnelle et familiale, ce qui en atténue le côté espion froid et insensible.

L’actualité du scénario de Brahy et Stoffel associée au réalisme du graphisme de Michel Espinosa (dont c’est la première série) contribue à rendre la lecture de cette histoire agréable et captivante.

Dans Groom Lake, la situation n’est guère plus apaisante. L’action se déroule entre la Maison Blanche et une mystérieuse base perdue en plein désert dans laquelle sont recueillis d’étranges revenants ayant investis le corps d’enfants. Au sein de la Zone 51 ces étranges réincarnations sont à l’origine d’un projet dont l’objectif vise à s’emparer du pouvoir suprême.

Cette histoire dont on perçoit nettement l’influence de séries comme X Files mélange fantastique, paranormal et théorie du complot, autant de thèmes qui font toujours recette dans une Amérique qui s’invente sans cesse de nouvelles menaces. On n’évite évidemment pas le recours à certains clichés inhérents à ce genre de récit. La technologie de pointe de l’US Air Force se heurte à de mystérieuses forces paranormales exerçant une influence jusqu’au plus haut sommet de l’état par l’intermédiaire de ces enfants.

Jean Jacques Dzialowski réussit à mettre en images le scénario d’Hervé Richez dans un style sans surprise, à l’américaine ; mais qui apporte à cette histoire crédibilité et réalisme. Mise en page et couleurs efficaces aident à faire de cette histoire un récit efficace, tendu sans pour autant laisser un souvenir impérissable.

Plus ambitieuse la série proposée par Thomas Mosdi et Winoc, Cliff and Co nous dépeint les mésaventures d’un héros bien particulier puisque doté de treize personnalités différentes !

Parmi celles-ci réapparait celle de John Kyle Fryder, un dangereux psychopathe. Les choses se compliquent pour Cliff qui travaille pour le FBI où ses aptitudes sont exploitées pour la résolution d’enquêtes musclées au sein de l’unité des méthodes parallèles d’investigation.
Enquêtant sur la disparition de deux jeunes femmes Cliff semble avoir « disjoncté », la terrible personnalité de Fryder refait surface et semble même être à l’origine de ces étranges disparitions.
Récit audacieux et particulièrement bien mené, le scénario de Mosdi parvient à installer un véritable suspense à partir d’une action déclinée sur trois lignes temporelles différentes, seul le lecteur est amené à constater les personnalités cachées de Cliff. A partir de procédés simples (ici impossible de recourir au morphing !) les auteurs parviennent à nous faire vivre cette histoire terrifiante de l’intérieur.

Le dessin solide et précis de Winoc sert bien cette série et en assure une lisibilité pas forcément facile... a priori. Héros perturbé dans une Amérique troublée en proie à ses démons modernes, cette série captivante de bout en bout se laisse lire avec plaisir et… quelques frissons d’épouvante.

(par Patrice Gentilhomme)

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