Harpignies - Par Elric et Darnaudet - Editions Paquet

Dans le Musée Fabre de Montpellier, il rencontre Marie qui prépare une thèse sur l’école de Barbizon et tombe sous le charme de la belle étudiante. Il la rejoint à Paris et s’installe avec elle. Commencent alors pour Éric non seulement la découverte de la démarche artistique de son aïeul, mais aussi l’apprentissage de la vie de couple et… les premiers soucis d’argent ! Les jeunes gens vont alors décider de réaliser et de vendre de faux tableaux en reprenant le style de l’arrière-grand-oncle. Voilà donc nos deux tourtereaux engagés dans une sombre histoire de faussaires et d’experts véreux. Mais rien ne se produira comme ils le souhaitent, ni comme ils le redoutent.

Après des études d’ingénieur, François Darnaudet a écrit près de 25 romans et 70 nouvelles de style fantastique ou policier. Ce Bordelais d’une cinquantaine d’années publie sa première bande dessinée suite à sa rencontre avec Elric Dufau. Avec ce récit très personnel et singulier, il explore un moyen de sortir des schémas narratifs traditionnels.

Eric, jeune adulte des années 2010 à la recherche du talent de son ancêtre.

Henri Harpignies, le paysagiste du XIXe...

Dessinateur et professeur au CESAN (Centre d’enseignement des Arts Narratifs) Elric Dufau est non seulement l’auteur de quelques albums remarqués (Marche ou rêve chez Dargaud) mais aussi un descendant d’Henri Harpignies, peintre-paysagiste qui eut son heure de gloire à l’ombre des plus grands de l’époque.

Influencé aussi bien par Hergé que par Chaland et donc par Franquin, Elric parvient, à travers l’itinéraire de l’artiste et celui d’un jeune homme de 2014, à nous passionner pour ces deux destins a priori très éloignés. Il faut dire que, si plus d’un siècle sépare les deux hommes, les astuces du scénario tissent un lien entre les deux Harpignies et contribuent à la fluidité du récit.

L’originalité de ce one-shot réside d’abord dans sa capacité à croiser deux destins, mêler deux histoires : la biographie d’Henri Harpignies (1819-1916), et la vie d’Éric, fruit de l’imagination des auteurs. Elric Dufau s’est emparé de cette histoire intime et familiale et la rend vivante et sensible. L’écrivain François Darnaudet s’est chargé de mettre en mots les souvenirs et le fruit des recherches de l’arrière-petit-neveu de l’artiste.

Elric Dufau introduit dans ce récit une fraîcheur et une douceur dans le rythme. Sans effet spectaculaire, ni rebondissement excessif, le trait naïf et sensible du dessinateur sert avec justesse une narration originale qui renouvelle avec talent le genre de l’autofiction.

et son double dans la BD.

En fin d’ouvrage, un copieux dossier revient à la fois sur l’itinéraire de l’artiste oublié, proche de l’école de Barbizon et resitue quelques anecdotes sur la genèse d’un album dense et original. Ajoutons que la fabrication particulièrement soignée du livre rend un bel hommage au contenu. Au final cela donne un objet curieux dont la lecture se mérite, mais vaut le détour.