Les humains se sont répandus dans l’univers, ils contrôlent dorénavant une grande partie de la galaxie. La Terre, abandonnée, est devenue un parc d’attraction pour riches touristes où essaient de survivre quelques pauvres hères.
Mais en 3259 après J.-C., l’humanité n’a rien appris et des limbes de l’oubli ressurgit un nouveau Duce qui étend sa main sur l’ancienne Rome. Il veut restaurer la gloire passée de l’Italie pour en faire le terreau de l’ancien monde ressuscité. Cette menace est néanmoins obligée de cohabiter avec quelques extraterrestres.
Comme tout parti nationaliste, le second Benito ne supporte pas ce qui sort de sa norme, la différence et l’étrangeté le répugnent, il appelle donc à combattre ces étrangers. Il tolère tout de même ces barbares du fait de leur importance commerciale, en effet, ils contrôlent les transports. Ce nouveau parti fasciste tient dès lors le double discours de la renaissance de la gloire terrienne et du commerce et met en avant le lien étrange entre répulsion jouée et profit réel.
Loin de tout cela, deux jeunes Romains essaient de subsister dans les ruines de notre civilisation. Grâce au trafic d’antiquités qu’ils revendent à de grosses fortunes, ils demeurent en vie.
Valérie Mangin nous livre un nouvel épisode des Chroniques de l’Antiquité galactique après Le Fléau des Dieux, Le Dernier Troyen et La Guerre des Dieux. Ce scénario profond et complexe se construit entre déclinaison de l’entité fasciste future, collusion très actuelle de dogmatisme obscur, de duperie, et d’intérêts très concrets.
Cette Terre devenue parc d’attraction pour millionnaires est évidemment possédée par une seule personne. Le rêve de l’aboutissement d’un capitalisme extrême est concrétisé par la donation de ce bout de vie par une philanthrope au faisceau afin qu’elle redevienne le joyau qu’elle était avant l’apocalypse nucléaire.
La scénariste nous ouvre donc les portes d’une histoire de résistance assez classique à la Blake & Mortimer et le Secret de l’Espadon qui pourrait bien virer à l’original rapidement : Les Aliens, ennemis naturels et auxiliaires circonstanciels des « FAF », font tourner la boutique de Moon Vegas, cette Lune-casino à usage galactique. Ces derniers pourraient bien, sur fond de guerre mafieuse, se révéler les alliés potentiels des résistants terriens au fascisme.
Le dessin, plutôt maîtrisé, s’exprime entre influence punk et mosaïque romaine. Les corps sont comme posés sur un fond peint à la façon d’une fresque antique. Dommage que la pâleur et les déformations successives des visages empêchent l’émotion de s’attacher aux personnages dont la raideur est contagieuse. Cependant, le grain spécifique des matières donne une touche originale, à la manière d’une mosaïque. L’ambiance globale est bonne et agréablement envahissante.
Ce scénario puissant aux multiples entrées et aux implications politiques fascinantes prouvent, s’il en était besoin, que Valérie Mangin est l’une des scénaristes les plus importantes du moment.
(par Vincent GAUTHIER)
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