Rongée par la culpabilité, Rook se tient pour responsable du malheur qui s’est abattu sur sa reine, Olwyn, et sur son pays, Marr. Et pour se racheter, elle compte bien mener Olwyn jusqu’à la légendaire Isola, la terre des morts, seul endroit où pourra être levé le maléfice qui a changé la reine en tigre.
Mais le chemin est long et semé d’embuches. Car c’est un monde dévasté qui s’ouvre au-delà des marches du Royaume de Marr, un univers tissé d’inconnues où la sorcellerie autant que la sauvagerie semblent avoir repris leurs droits. Et une jeune soldate inexpérimentée accompagnée d’un tigre précieux constituent des cibles de choix...
D’emblée, aussi bien sur les plans graphique que narratif, Isola apparaît aussi beau que fascinant. Empreint de poésie et pétri de mystère, jouant subtilement des relations entre les personnages et campant un monde plein de promesses, le comics imaginé parBrenden Fletcher et Karl Kerschl - un duo déjà à l’œuvre sur Gotham Academy - séduit immédiatement. Une véritable atmosphère s’en dégage et l’on sent le grand potentiel du titre.
Reste cependant qu’à trop vouloir jouer la carte de l’hermétisme et du sous-entendu, les auteurs risquent de perdre des lecteurs en route. Les pièces du puzzle s’assemblent, mais lentement, brossant pour l’heure un portrait étoilé dont on peine à deviner la vue d’ensemble.
L’entrée en matière, malgré les péripéties présentées, nous a ainsi paru un peu laborieuse. Il faudra donc pour le moment se contenter de l’enchantement prodigué par les décors offerts par les planches de Karl Kerschl et de la fascination créée par l’univers façonné par Brenden Fletcher.
(par Aurélien Pigeat)
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Isola T1. Par Brenden Fletcher (scénario) et Karl Kerschl (dessin). Urban Comics, collection "Indies". sortie le 22 février 2019. 168 pages. 10 euros (prix de lancement).