En janvier 2008, les éditions du Lombard revenaient dans la presse avec Le Strip. Imprimé dans un grand format, proche d’un quotidien, ce périodique publiait les planches issues des albums d’humour « décalé ou adulte » de l’éditeur.
Ce journal était né suite à l’envie de Coyote de voir ses planches publiées dans un journal. L’auteur des Voisins du 109 et de Litteul Kevin en avait même trouvé le titre. Mais le Strip avait seulement convaincu à moitié. Son format peu pratique et atypique ne mettait pas réellement les histoires publiées en valeur. Pôl Scorteccia, lson éditeur, nous confiait que les pages immenses « étaient un avantage comme un inconvénient pour la lisibilité ».
Jean-Luc Cornette, le scénariste de « Au Centre du Nowhere », était sans doute arrivé à la même conclusion. Il a proposé au nouveau directeur éditorial du Lombard de se mettre à son service pour redynamiser le journal. « Pôl Scorteccia a accepté la plupart de mes idées, raconte Cornette. Il en a lui-même également émis pour sa part. Nous avons remis le Strip en question. Nous avons chamboulé son format et sa pagination et avons amené de nouveaux auteurs. Le résultat n’avait plus rien à voir avec le Strip. Nous avons ès lors décidé de changer le nom du magazine ». Jean-Luc Cornette et Pôl Scorteccia assument ensemble la rédaction en chef de Kramix, un bimestriel de cinquante deux pages, au format d’un magazine, vendu pour le prix modique de 2 euros, uniquement disponible dans les librairies spécialisées. La volonté de l’éditeur est de publier un journal relativement bon marché qui serait présenté sur les comptoirs des libraires.
Pour le premier numéro, Jean-Luc Cornette et Pôl Scorteccia ont voulu marquer le coup : L’intégralité du numéro est réalisé par des filles. D’où le titre : « La preuve par meuf ». « Nous avions envie d’ouvrir la porte du Lombard à une nouvelle génération d’auteurs, explique Jean-Luc Cornette. On s’est dit que féminiser l’équipe ne serait pas une mauvaise idée ! De fil en aiguille, nous avons décidé de confier la totalité du journal à des femmes. Certaines auteures sont connues, d’autres moins ! ». Hélène Bruller, Capucine, Gally, Laurel, Brigitte Lucciani, Colonel Moutarde, Sandrine Revel, Sibylline, Vanyda, parmi d’autres, y signent des histoires. « Pôl et moi-même avons échangés des idées, des noms d’auteures dont nous apprécions le travail, nous dit Jean-Luc Cornette. Il était évident que nous publierions certaines d’entre elles. Je me suis aussi plongé dans la lecture de livres. Lynda Corazza avait signé deux albums chez Delcourt. Lucile Gomez avait publié des albums au Cycliste et chez Vent des Savanes. Le travail de Lilla et de Clotka, par contre, était plus confidentiel. Je suis tombé par hasard sur leur blog alors qu’il nous restait deux pages à remplir pour boucler le premier numéro. Leurs dessins étaient époustouflants ! ».
Rassurez-vous, les auteurs du Lombard reviendront dans le deuxième numéro, prévu en mars. [Clarke en signera la couverture avec Costa Nostra. « Nous ne publierons qu’une seule page inédite en album, nous dit Jean-Luc Cornette. Pour une raison évidente : les deux premiers albums paraissent dans la foulée. Alors que nous voulons rester dans la prépublication ! Nous aurons aussi des histoires de Planet Ranger (de Julien/CDM & Janssens), Cité d’la balle (de Relom), etc ». Un nouveau récit humoristique de Litteul Kevin est également prévu pour le quatrième numéro.
Kramix est également un journal de création, un moyen pour des auteurs d’explorer des univers, des thèmes ou d’autres voies graphiques et narratives. « Pour l’instant, un quart des histoires proviennent du catalogue du Lombard. Le reste est inédit. Bien sûr, certaines histoires se retrouveront un jour ou l’autre en album. Mais d’autres resteront toujours inédites ! » Les filles qui ont signé des planches dans le premier numéro de Kramix ne seront pas pour autant oubliées : Près de huit auteures publiées reviendront dans les numéros suivants. Chaque édition de Kramix sera également thématique. Le deuxième sera consacré à la mafia, le troisième au célibat et le quatrième aux pirates ! Ce changement de sujet devrait également faciliter le renouvellement créatif du magazine et la confection d’histoires inédites.
Des écrivains ou d’autres personnalités seront également régulièrement invités pour produire du rédactionnel. Dans le premier numéro, l’écrivaine Élisa Brune et l’animatrice Maureen Louys signent notamment des textes.
Kramix est également un journal « graphique ». Le directeur artistique du Lombard, Éric Laurin, a opté pour une charte graphique originale et travaillée : une couverture fluorescente présentant un grand dessin. L’ensemble des titres des histoires a été réalisé à la main. « À l’ancienne, ajoute Jean-Luc Cornette. Ce parti-pris graphique donne un côté esthétique et sobre à la maquette. Nous jouons l’épure ! ».
Ce journal ouvre une porte aux auteurs d’humour de la génération blog. Comme par exemple Peggy qui a confectionné une histoire avec des poupées photographiées [1].
Kramix amène un vent de renouveau au Lombard avec un contenu humoristique décalé, hétéroclite, frais et plaisant prêt à accueillir la bande dessinée dans toute sa diversité. Le deuxième numéro de Kramix sort ces jours-ci et devrait confirmer son caractère dynamique et jouissif.
(par Nicolas Anspach)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Images (c) Les auteurs, Kramix & Le Lombard.
[1] NDLR : Olivia Ruiz l’avait dénichée pour la réalisation des poupées reproduite dans le livret de son dernier album, Miss Météores.
Participez à la discussion