Outre sa vélocité, exceptionnelle pour une locomotive à vapeur à cette époque, cette merveille d’aérodynamisme aux lignes épurées et à l’esthétique innovante est née de l’esprit visionnaire du designer français André Huet et de l’ingénieur belge Raoul Notesse. Le consortium des locomotives de Cockerill en produisit six modèles. Puis vint la guerre et le quasi-oubli…
Train World
Dans les années soixante, un exemplaire — la 12.004 — fut sauvé de la ferraille par des cheminots passionnés. Mais, depuis, il végétait à Louvain dans un dépôt de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB), une espèce de cimetière de wagons et de voitures anciennes. Quand on sait que « le réseau ferroviaire belge est le plus ancien d’Europe », on se dit qu’il y avait là un véritable patrimoine historique à valoriser dans un musée, et qu’il fallait à ce dernier une scénographie qui soit une véritable invitation au voyage au cœur des émotions de ceux qui ont conduit ou se sont fait conduire par la Douce. « Bien plus qu’un énième musée des chemins de fer, Train World est un opéra mettant en scène le train. » Et si je vous disais que c’est à François Schuiten et à Expoduo que fut confiée la scénographie de Train World qui ouvrit le 24 septembre dernier, à Schaerbeek ?
Un concept total
Ce beau livre est littéralement à appréhender comme un ensemble de variations autour de la 12 qui prolonge La Douce et l’exposition éponyme qui avait été organisée par la galerie Champaka. Il ne s’agit ici ni d’une monographie technique spécialisée, au grand désarroi de nos amis ferrovipathes, ni d’un album de bande dessinée au sens classique du terme. Disons plutôt qu’il s’agit d’une scénographie portative à l’usage des amateurs de voyages rétrofuturistes à destination de pays de cocagne, autant de nécessaires petites patries imaginaires.
(par Charles HAM)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.