En 1991, à l’approche de la Saint-Valentin, Philippe, étudiant célibataire, déprime. Il tente alors de séduire une collègue de classe à l’aide d’un valentin qui sera livré à la mauvaise fille. Découragé, Philippe se plonge alors dans la lecture du journal intime de sa grand-mère, qui, en 1931, passait également pour une « mauvaise fille ».
Dans les années 1930, Margaux Bernier, femme pieuse et bourrue, repousse tous ceux qui lui demandent sa main, refusant ainsi le rôle que la société lui réserve : « L’avenir d’une Canadienne-Française ? Je sais ce que c’est ! Rester à la maison toute sa vie ! »
Pourtant, la vie de Margaux risque de basculer lorsque George-Henri, un homme riche et séduisant, cherche à conquérir son cœur. Ce récit amoureux sert alors de prétexte pour décrire le Québec de la grande dépression, de la grande noirceur et de la prohibition. C’est ainsi que, dans son journal, la jeune femme se désole de la misère qui frappe la ville de Québec, tombée sous le joug des bootleggers et des politiciens véreux. (On surnomme d’ailleurs « mauvaise fille » l’alcool de contrebande).
Aussi, si le récit de Philippe nous semble quelque peu superficiel, celui de Margaux est captivant. La mauvaise fille marque donc le retour de l’auteur à ce qu’il fait de mieux : de l’autobiographie. Quant au graphisme, Girard reste fidèle à lui-même, et ses lecteurs habituels reconnaîtront immédiatement son trait inspiré de la Ligne Claire, référence assumée comme en témoigne l’affiche du Festival de la bande dessinée francophone de Québec 2011, réalisée en hommage à La Marque jaune d’E.P. Jacobs…
(par Marianne St-Jacques)
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