Tout visiteur de Tel Aviv est frappé par ce contraste : des bâtiments modernes rêvés par quelques architectes issus du Bauhaus, la douceur du bord de mer où se prélassent des retraités américains ou français, une rue où l’on parle russe, français, anglais ou espagnol, des buildings comme on n’en voit qu’à New York abritant des hôtels de grand luxe...
Par ailleurs, une vie âpre, où l’on n’entre pas dans une grande surface sans un contrôle à l’entrée, des survols d’hélicoptères militaires à chaque instant de la journée, le jour chômé du Shabbat où aucun bus collectif ne roule, une circulation dense, des quartiers "ghettoïsés", là par des Juifs ultra-orthodoxes, ici par les Russes, des façades Bauhaus lézardées dont les propriétaires ne peuvent plus assurer la rénovation par manque de moyens... Il y a une réalité israélienne à laquelle les Israéliens n’échappent pas.
Asaf Hanuka est israélien, telavivien. Avec son épouse et son fils, il s’est installé dans la ville-symbole de la modernité israélienne. Son dessin traduit ce patchwork où les courbes design des années 1920 dialoguent avec les icônes de la bande dessinée et de la télévision, avec les rythmes syncopés du Street Art. Ses histoires sont celles d’un père de famille pragmatique, d’un citoyen assumé, et d’un créateur qui figure parmi l’un des graphistes les plus doués de sa génération.
Après son intervention dans les séquences oniriques de Valse avec Bachir, KO à Tel Aviv marque le grand retour de Asaf Hanuka en France, où il avait étudié la BD, à Emile Cohl à Lyon.
En attendant d’autres ouvrages à paraître ces prochains mois, notamment avec son frère jumeau Tomer, lui aussi créateur de BD, mais ayant étudié à New York où il réside et où il est devenu l’une des nouvelles coqueluches de la scène de l’illustration américaine. Auteurs à suivre...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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