Entouré d’une famille égoïste et ingrate, Ichiro Inuyashiki, a passé son existence en tant qu’employé de bureau minable, sans réelle passion, ni ami véritable. Un fils, brimé par ses camarades de classe, une fille narcissique et une épouse, limite pot de colle, dont les seuls mots sortants de sa bouche ne sont que des accusations. Bref, c’est loin d’être la vie idéale pour ce quinquagénaire, d’autant qu’il apprend qu’un cancer le ronge, qui ne lui octroie que quelques mois à vivre...
De ce 1er volume, nous pourrons retenir trois orientations dignes d’intérêt. Tout d’abord, la pression que subit le héros (si l’on peut dire..., du moins jusqu’à présent), le désespoir catatonique qui en découle et qui mène à la fatalité d’abandonner les siens. Ensuite, ce côté science-fiction qui transforme un être banal en une forme de machine futuriste. Enfin, et cela reprend la scène qui clôture ce tome, sa capacité à défendre la victime, réminiscence de sa personnalité humaine avant sa mutation. L’auteur tente de persuader le lecteur avec ce dernier élément qu’homme et machine peuvent fusionner et non prendre le dessus l’un sur l’autre. C’est adroit, futé et drôlement bien imaginé de la part d’Hiroya Oku.
La trame évolue d’entrée de jeu à la manière d’I am a Hero, avec le cliché du type ordinaire, pas spécialement intégré dans la société qui, subitement, se retrouve à vivre une situation extraordinaire, au delà du sens commun. Les dialogues, sans réelle envergure, peignent un quotidien bien ancré, fade et répétitif. Une tranche de vie qui rencontre l’inconnu, et qui pousse indéniablement son protagoniste principal à se rebeller face au système mis en place.
Graphiquement, comme à son habitude, Hiroya Oku maitrise son élément. Faisant partie de l’élite de la bande dessinée d’anticipation, ce génie calibre adroitement son trait et démontre toute l’étendue de son talent. On le sent en phase avec lui-même, il se fait plaisir, en transmettant sa vision personnelle de la vie moderne. Un monde en pleine désillusion avec tout de même un filet de lumière à l’horizon. Avec Gantz, il avait révolutionné le genre du manga de polar. Last Hero Inuyashiki est dans la même veine, même sil s’avère être trop tôt pour crier au chef d’œuvre.
(par Marc Vandermeer)
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