Le recueil est constitué de très courts récits mettant en scène un homme qui marche et ses démêlés culinaires ; chaque saynète étant prétexte à présenter un lieu ou un plat consommé par le narrateur.
Taniguchi adapte avec brio des nouvelles de Kusumi et, comme à son habitude, se montre observateur avisé de la nature humaine. Le Gourmet solitaire nous balade dans divers restaurants ou gargotes du Japon moderne et nous expose, en plus d’un aperçu appétissant de spécialités culinaires nipponnes, un succédané d’humanité. Notre homme semble être le témoin muet d’un pays qui a parfois du mal à accepter les vertus de la modernité, rétif à la mondialisation et affichant certaines attitudes racistes ancestrales. Les auteurs semblent regretter ces attitudes et prônent une approche plus respectueuse de l’humanité qui se construit sur des valeurs transmises par les générations passées.
Une fois de plus Taniguchi, par son graphisme épuré et sa mise en scène toute en sobriété, parvient à faire passer brillamment les émotions de son personnage principal, et par-là même à nous toucher et nous faire réfléchir.
Un album à déguster à patites doses, calmement, comme un repas que l’on aurait plaisir à partager avec les gens que l’on aime.
(par Erik Kempinaire)
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