La Finlande en bulles
Dans les caves du théâtre d’Angoulême étaient exposés les travaux de douze artistes venus de Finlande, pour la plupart inconnus en France. Une quarantaine de planches accrochées aux murs nus de la cave permettaient au visiteur de se rendre compte de la diversité et de la vitalité d’une bande dessinée encore trop peu publiée chez nous. Pour un Pentti Otsamo, récemment traduit chez çà et là ou un Matti Hagelberg déjà présent en France grâce à l’Association, combien de Jyrki Heikkinen, dont les quelques planches exposées font espérer qu’un éditeur francophone lui proposera rapidement une publication par chez nous ?
De la couleur au noir & blanc, de la colorisation par ordinateur aux teintes pastel, du réalisme à la caricature, les styles de ces douze auteurs semblent couvrir une bonne partie du spectre artistique présent dans la bande dessinée contemporaine. La publication prochaine de plusieurs d’entre eux en France (Hagelberg et Katja Tukiainen dans un collectif de l’Association, Tommi Musturi chez la 5ème Couche, entre autres) devrait faire un peu mieux connaître la production finlandaise, qui s’est vue joliment mise en scène dans ces salles bas de plafond mais hautes en couleurs du théâtre de la ville.
L’allemand en eaux fortes
Martin tom Dieck n’est quant à lui plus un inconnu dans nos contrées, depuis déjà plusieurs années. De L’Innocent Passager (Seuil, 1996) aux « aventures » de Deleuze chez Fréon (2001, avec Jens Balzer) en passant par le superbe et muet Hundert Ansichten der Speicherstadt (l’Arrache-Cœur, 1997), l’auteur qui vit à Hambourg a montré la puissance d’évocation de son dessin et l’originalité de son univers, qui doit à la fois aux illustrateurs à gravure sur bois du début du XXème siècle et au surréalisme.
Dans le cadre de l’École Supérieure de l’Image étaient donc montrées des dizaines de planches de l’auteur, de petit format pour la plupart, et en noir et blanc.
Les ambiances des albums de Martin tom Dieck sont très fortement marquées par la présence de l’eau, ce qui donne lieu à des visions denses et virtuoses où les formes se mêlent pour mieux faire plonger le lecteur dans un graphisme aux limites de l’iconique. La verrière de l’ESI était particulièrement indiquée pour accueillir ces planches dans lesquelles le regard se perd, et la scénographie, sobre et étudiée, emplissait l’espace ouvert aux rayons du soleil. Une belle exposition, qui donnait envie de découvrir Vortex, le nouvel album de l’auteur tout juste publié par les éditions Frémok.
(par François Peneaud)
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En logo, une vue de la salle d’exposition de "Soleil de minuit".
Photos de l’exposition finlandaise : FP
Photos de l’exposition Martin tom Dieck : DP.
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