Si l’on dit souvent que l’unité narrative en bande dessinée est la page entière et non la case, l’utilisation de doubles pages ouvre de plus amples perspectives.
Des artistes bien connus comme Jack Kirby ou Neal Adams se sont emparés de cet outil dès leurs débuts.
Comme on le voit dans les exemples ci-dessus, les doubles pages servent aussi bien à présenter une image unique sans découpage qu’à offrir au dessinateur des possibilités supplémentaires de découpage.
Cette dualité se retrouve dès les premières doubles pages de l’histoire des comics. On peut par exemple penser à cette illustration par un jeune Will Eisner, en 1937 :
Ou aux très belles planches de Jimmy Thompson (1938), artiste injustement oublié et très peu republié :
Les artistes qui leur ont succédé ont poursuivi les deux traditions, comme Trevor Von Eeden pour la série Thriller, un grand exemple de comics quasi-expérimental des années 80 ou, bien plus récemment, Jae Lee sur la mini-série de 2022 Seven Sons.
Vous trouverez des dizaines d’exemples de doubles pages de différents types dans les deux vidéos suivantes. La première couvre la fin des années 30 jusqu’aux années 60, et la seconde les années 70, 80, ainsi que les deux dernières décennies.
(par François Peneaud)
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La double page en ouverture de cet article provient de l’adaptation de Outland par Jim Steranko (1981).
Vidéos précédentes dans la série Une Page à la fois :
Cité de verre, Paul Karasik & David Mazzucchelli ;
P. Craig Russell, deux histoires de Doctor Strange ;
The Spirit de Will Eisner ;
American Flagg ! d’Howard Chaykin.