Résistances queer : une histoire

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Raconter 200 ans d'histoire des personnes LGBT+ relève de la gageure. C'est pourtant le défi qu'ont relevé Antoine Idier et Pochep, pour offrir aux lectrices et aux lecteurs un album à la fois dense et lisible.

Depuis six mois, les éditions Delcourt, alliées aux éditions La Découverte, proposent une série d’albums de BD abordant divers thèmes issus des sciences sociales, comme par exemple la question de l’inégalité de patrimoine sous l’angle du genre. C’est aujourd’hui à la complexe histoire moderne des lesbiennes, bis, gays et trans que s’intéresse le dernier album en date, Résistance queer.

Le chercheur en sciences politiques Antoine Idier était déjà connu pour ses travaux sur l’histoire de l’homosexualité, avec par exemple un livre sur le militant et écrivain Guy Hocquenghem. Pour cet album, il s’est associé au dessinateur Pochep, auteur venu de Fluide Glacial, qui est lui reconnu pour son humour et sa capacité à l’autodérision. Son intérêt pour les questions LGBT n’est plus non plus à démontrer.

Le prétexte est une rencontre entre deux jeunes gays et un homme plus âgé qui les invite chez lui pour se lancer dans un discours érudit où Oscar Wilde côtoie Marcel Proust et où un Austro-hongrois contribue 100 ans avant Stonewall à transformer les sodomites des siècles passés en futurs gays de l’époque moderne. Ce tour de magie passe par la création d’un simple mot, "homosexualité", description neutre à mille lieues des connotations religieuses négatives qui la précédaient.

Ce n’est que le début d’un long voyage à travers les décennies, périple illustré par Pochep avec un mélange de sérieux documentaire et d’humour potache (on pourra croiser au détour d’une case Véra, le personnage des séries Scooby-Doo devenue une icône lesbienne).

Si l’homosexualité masculine constitue le sujet principal du livre, les lesbiennes et leur histoire ne sont tout de même pas en reste. Les lectrices (et les lecteurs) pourront trouver de nombreuses références, comme par exemple les travaux de Marie-Jo Bonnet. Les questions trans sont également abordées, dans les parties de l’ouvrage couvrant la dernière moitié du siècle dernier.

Le lecteur (ou la lectrice) déjà au fait de l’histoire LGBT n’apprendra probablement pas grand chose à la lecture de cet ouvrage, qui constitue néanmoins une très bonne introduction au sujet. On pourra d’ailleurs le recommander aux CDI des lycées.

De par la densité du propos et la solidité de la documentation, Résistances queer ouvrira de plus des portes vers de nombreux travaux et fictions plus ou moins connus, ce qui devrait combler les plus curieuses et les plus curieux.

(par François Peneaud)

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