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Léa Murawiec : « On regarde ces ruines-là comme on regarderait du patrimoine et des ruines romaines » [INTERVIEW]

Par Romain GARNIER le 2 octobre 2023                      Lien  
En septembre 2023, Léa Murawiec, autrice révélée par Le Grand Vide, a publié un nouvel ouvrage, intitulé Semi Science-Fiction, aux éditions Flutiste. Dans ce nouvel ouvrage, l'autrice convoque ses imaginaires mêlant fascination pour l'espace urbain, l'exploration et le fantastique. Les illustrations de l'ouvrage, merveilleuses et muettes, sont organisées en trois séries de dessins, liés entre eux par un personnage ou une thématique. Une balade légère et graphiquement envoûtante qui ravira les amoureux du trait de Léa Murawiec et laissera place à de multiples interprétations. Au récent festival Formula Bula, Léa Murawiec a accepté de donner à ActuaBD sa première interview à propos de sa nouvelle bande dessinée.

Votre ouvrage est le fruit d’un Inktober pour lequel vous avez quelque peu réécrit les règles : les dessins ne se sont pas nécessairement succédés chaque jour, certains demandant peut-être davantage de temps pour émerger, mais surtout vous avez recherché à créer une cohérence, un lien entre ces illustrations. De cet ensemble, vous avez dégagé trois récits graphiques, dont certaines planches qu’on a retrouvées dans Le Grand Vide et le personnage de Manel. Cela a été particulièrement difficile d’aboutir à cette création ou ce fut un jeu particulièrement stimulant en recourant à des contraintes dont vous êtes friande, dans une démarche propre à l’Oubapo, comme dans la revue Flutiste ?

Le principe de l’Inktober, je le pratique depuis que je suis étudiante. J’ai dû commencer en 2013 ou 2014. Dès le départ, je n’ai pas suivi les règles imposées par Inktober parce que je ne savais même pas qu’il y avait des règles (rires), si ce n’est le fait de faire un dessin par jour. C’était toujours pour moi le moyen de faire un point sur mon dessin, une fois par an. Chaque fin septembre, je me demandais sur quel aspect j’allais travailler mon dessin un mois durant. Une année, je dessinais plein d’animaux différents. Une autre année, c’était plein de plantes...

Puis est venue l’année où j’ai fait la première partie de ce livre, en 2017. Là, je voulais travailler des décors. Je voulais faire une ville, travailler des immeubles. Petit à petit, je me suis dit que je pourrais combiner des scènes de cette histoire que j’étais en train d’écrire, Le Grand Vide. C’est comme ça que s’est imposé le décor du Grand Vide qui n’existait pas vraiment avant cette série de dessins.

Je me suis aussi rendu compte, en imaginant une série de dessins en soi, en se concentrant sur le dessin, même en ayant une vague idée de narration derrière mais suffisante pour lier les dessins entre eux, que j’arrivais plus simplement à créer un univers que si j’avais des contraintes très fortes liées à un scénario que je devais illustrer.

Cela me permet peut-être d’essayer de résister un peu à la facilité d’un dessin qui sert l’histoire plutôt que quelque chose d’inter-complémentaire, entre l’histoire et le dessin. J’ai essayé de garder ce systématisme. Pour un nouveau récit que j’écris, qui ressemblera un peu plus au format du Grand Vide, j’ai vraiment essayé, en parallèle de l’écriture, de dessiner ainsi. Je me rends compte que le dessin me donne des idées d’histoire et que l’histoire me donne des idées de dessin. C’est assez intéressant de garder une forme de recherche et de fraîcheur dans le dessin sans toujours faire la même chose.

Léa Murawiec : « On regarde ces ruines-là comme on regarderait du patrimoine et des ruines romaines » [INTERVIEW]
© Éditions Flutiste

Sans dialogue, et l’ouvrage étant composé d’illustrations, il y a une place non négligeable qui est laissée à l’interprétation du lecteur. C’est une perspective qui vous amuse ?

À l’origine, je n’ai pas pensé ces dessins pour qu’ils soient forcément imprimés et publiés en livre. Cela s’est imposé au fil du temps. J’ai moi-même imprimé des recueils, des fanzines, avec cette série. En tout cas, ce sont des dessins qui ne peuvent pas être séparés les uns des autres et qui font qu’il y a sans plus de place pour l’interprétation, parce qu’il n’y a pas de dialogues ou de texte qui dirige précisément l’histoire.

Mais en fait, même dans la deuxième partie de mon livre, c’est davantage une sorte de promenade d’un personnage. On se promène à travers son errance. J’avais envie qu’on ne soit peut-être pas obligé de suivre ce que j’ai eu envie de faire comprendre au lecteur.

© Éditions Flutiste

Dans le premier récit, il y a une fascination, que l’on a déjà entraperçue dans Le Grand Vide, c’est l’espace urbain, son immensité et sa géométrie. Vous lui donnez une puissance qui interpelle vraiment le lecteur. Bien qu’il ne s’agisse pas du même travail, cette démarche nous fait penser à la manière dont Mathieu Bablet traite l’espace urbain. Qu’en pensez-vous ?

J’ai lu les bandes dessinées de Mathieu Bablet, mais il m’intéresse plus pour ses histoires. Après, je me suis rendu compte en développant cet univers urbain, dans cette première série de dessins, et en l’étirant, que c’était un imaginaire très référencé à la science-fiction qui n’est pas mon domaine d’histoire. C’est pour cela que cela s’appelle Semi Science-Fiction...

Je pense que je joue avec des codes, mais que je ne fais pas de science-fiction. Il n’y a pas de technologie dans mon travail. Je pense que j’ai davantage des références au niveau du manga, par rapport aux décors. J’ai découvert Akira bien après avoir réalisé la première scène. Je pense cependant que l’univers d’Akira est déjà diffusé dans beaucoup d’œuvres que j’ai du lire. La Salle de la mappemonde de Yuichi Yokoyama et les bandes dessinées de Jérôme Dubois comme Jimjilbang qui comprend aussi de nombreuses représentations d’immeubles. Et La Ville de Shanghai dessiné par Léopold Prudon. Moi aussi, je suis allée à Shanghai, mais je n’ai pas voulu insuffler de mon vécu à Shanghai dans cette série. Je pense que cela est ressorti naturellement. Parce que j’ai réalisé ces dessins six mois après être rentrée en France.

© Cornélius

Toujours dans le premier récit, vous avez une double page intéressante. La première est une très belle page sur laquelle s’étendent à perte de vue, de manière géométrique, des piscines, avec en leur cœur une immense statue de deux personnes qui semblent tenir une serviette de plage dans la main droite et tiennent un objet qu’ils brandissent de l’autre. Comme un horizon vers lequel tend la société. Cela nous fait penser à la célèbre création de l’URSS pour l’exposition universelle de 1937, à Paris, un immense couple tenant la faucille et le marteau. En face, une page de manifestation avec des manifestants aux yeux bandés. J’ai interprété cela comme une dénonciation de la page en miroir et de l’absence de perspective que propose la société, faisant que chacun avance à l’aveugle sans projet commun.

(rires) Waouh ! Non. Ce qui me plaît dans l’écriture de l’histoire, c’est de construire des mondes. Donc forcément, quand on construit des mondes, on touche à quelque chose de manifeste, de politique. Je ne pense pas être une personne qui écrit le plus du contenu politisé. Mais c’est quand même quelque chose que j’ai en tête quand je construis des univers.

© L’Association

La juxtaposition de ces deux pages est étonnante. Quand je dessine ces séries, je ne les pense pas en page. Pour Le Grand Vide, j’ai tout pensé en double page. J’ai toujours dessiné mes pages deux par deux. Pour cette série, je les dessine par trente. Les premiers dessins sont assez libres, puis les cinq suivants, je sens qu’il y a une série qui commence à se construire, et après, petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place et j’ai un univers en trente dessins.

Mais du coup, le fait que cela soit en vis-à-vis est assez rigolo. La page sur les piscines, c’était pour une histoire de Flutiste qui est publiée dans le numéro 10. Une sorte d’utopie où les gens vivent dans un désert parce qu’ils ont coupé tous les arbres pour se faire des papiers d’identité. Mais ils vivent dans la paix absolue, dans des piscines, identiques, donc tout est égal.

Quant à cette manifestation, issue de l’univers du Grand Vide, j’imaginais que potentiellement, il pouvait y avoir des manifestations avec des gens qui se bandent les yeux et qui donc refusent de voir le nom des autres. Qui se mettent en grève. Deux univers différents, mais il est rigolo que cela se retrouve à dialoguer dans un livre et que cela permette de construire des interprétations (rires).

© Éditions Flutiste

Cette géométrie de l’espace, elle vous fascine et nourrit votre trait. En même temps, n’y a-t-il pas un côté oppressant à toute cette immensité géométrique aux allures presque fascisantes ? Même si on se doute que ces représentations proviennent davantage des villes tentaculaires telles New-York ou Tokyo.

Je ne saurais pas dire si cela est fascisant ou pas, là tout de suite. Car je n’ai pas réfléchi en terme de pouvoir, l’univers du Grand Vide par exemple. J’ai plus pensé que c’était une sorte de dynamique globale, que les gens ne maîtrisaient pas trop et qu’ils étaient entraînés. De sorte qu’ils se retrouvent dans une société très, très oppressante parce qu’ils ont tous voulu se recentrer, se concentrer, pour être les plus proches les uns des autres. Mais cela ne fonctionne pas forcément comme ça. Dans une sorte de mouvement très lent et général de panique, de peur de disparaître et de mourir.

Mais je pense que c’est quelque chose qui est apparue peut-être plus tard, dans l’écriture. Quand j’ai fait cette première série de dessins, j’avais surtout envie de travailler la ville comme un motif graphique et quelque chose de répétitif. Parfois, il y a des compositions plus dynamiques, des plongées et contre-plongées, qui pourraient faire penser à de l’art expressionniste. En tout cas, quelque chose qui ressemble à des images de propagande. Et d’autres fois où c’est vachement plus plat.

Il existe une série de photos dont je me suis inspirée, du photographe Michael Wolf, qui photographiait notamment Hong-Kong et qui faisait des photos très, très plates et très zoomées de gratte-ciel, de façon à ce qu’on ne sache pas où commence et où terminent les immeubles. On n’a donc pas de repères et cette perte de repères est assez angoissante. On n’arrive pas à comprendre l’échelle des images et du coup on ne comprend pas leur sens. Ça me plaît de jouer sur l’échelle.

© Éditions Flutiste

Pour nous, votre ouvrage est traversé par une problématique : celle de la solitude. Votre héroïne est presque constamment seule. Face à l’immensité des décors, il y a une forme de vide permanent. Un vide renforcé par l’absence de dialogues. Un mutisme qui nous laisse seuls face à l’image. Le paradoxe est que, même lorsqu’elle se retrouve au milieu de la foule, nous n’en sommes pas moins seuls, à l’écart. L’héroïne est comme extérieure à cette foule.

Cela peut être lié au fait que ma première et dernière partie sont des sortes d’essais de mise en image, plutôt que des scénarios qui tournent autour d’une héroïne en particulier. Quant à la deuxième partie, on suit un personnage qui se balade dans un univers sans autre personnage. Je pense que cela renforce un peu cela. En même temps, je pense qu’il est toujours plus simple de créer un lien entre des images qui n’ont pas de texte en retrouvant le même personnage. Comme si le personnage était un lien en soi entre les images. Ce serait comme ça que je l’expliquerais

Dans votre second récit, votre héroïne explore un monde de ruines. Chez vous, les ruines, ce n’est ni le fruit d’un passé mythique donnant à réfléchir sur la fuite du temps et qui induit une forme de poésie de la ruine, une fascination, comme a pu le faire le mouvement littéraire de la Pléiade emmené par Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard. Ce n’est pas non plus Jacques Tati qui dans Mon Oncle interroge passé et avenir dans une difficile cohabitation, le présent étant vertement moqué pour sa conviction d’être la modernité à suivre, une modernité qui ignore le passé et ne s’interroge jamais sur ce qu’elle produit, et dont le snobisme technologique du couple bourgeois est le symbole. Avec vous, on a davantage l’impression d’un monde postapocalyptique, déserté et dénué de pensée, de sens, la vie se vivant comme une expérience simple et banale dans une forme de présentisme. Le passé comme l’avenir ne représentant plus aucun enjeux.

Cette deuxième série est un peu particulière. La première et la troisième sont deux séries liées à des histoires et des scénarios qui avaient été précédemment amorcés dans l’écriture. Alors que cette deuxième partie est vraiment brute. Je l’ai construite au fur et à mesure. J’avais envie de casser la série d’avant qui était très centrée sur la ville. Je me suis dit que maintenant que j’ai laissé de la ville, je vais la détruire. Je voulais travailler sur des ruines et un peu sur une sorte d’imaginaire post-apocalyptique, sans que ce ne soit forcément cyberpunk. J’avais envie de m’imaginer, moi, ce que j’aurais pu voir.

Il se trouve que je me suis pas mal inspirée de certaines explorations que j’avais faites avec une amie qui était à Shanghai. Photographe, elle s’appelle Chloé Azzopardi et réalise des photos de ses explorations. Parfois, elle va visiter des ruines, des endroits abandonnés ou un peu en marge à Shanghai. Une fois ou deux fois, je suis allée avec elle.

Il est assez étonnant de voir à quel point on peut assez vite basculer dans une ruine et transformer un lieu de sens en quelque chose de complètement différent. Je pense que j’ai pas mal joué sur le sens qu’ont les bâtiments en utilisation et à quel moment ils perdent du sens, quand ils ne sont plus habités ou quand il commence à y avoir un peu d’eau ou un peu de fissures. Comment, aussi, jouer sur les plans ? Quand on a une ruine, on peut voir sur plusieurs plans, visualiser plusieurs bâtiments d’un coup. Tandis que les vieux bâtiments sont plutôt clos et fermés. On passe ainsi à quelque chose d’aéré, qui pourrait être tragique.

Cependant, je ne voulais pas qu’on voit la ruine comme tragique. je voulais qu’on la regarde, qu’on regarde ces ruines-là comme on regarderait du patrimoine et des ruines romaines. Dans la série animée Adventure Time, ça marche assez bien parce qu’on ne sait pas trop où et quand cela se passe. Mais de temps en temps, on voit une télévision éventrée, un épisode qui se passe dans le métro. Tout est abandonné et on ne sait pas pourquoi et ce n’est pas le but. Ce point est quelque chose que j’ai bien aimé explorer. Donc c’est une série de dessins qui existe en elle-même et qui se conclut en exposition.

© Éditions Flutiste

Ces ruines, elles sont le reste d’une civilisation. Que nous dit cette civilisation, celle des supermarchés, des escalators, des tableaux de musées déchirés, de ces ponts détruits, de ces immeubles effondrés, de ces voitures éventrées ? Est-ce la civilisation du vide ?

(rires) Peut-être. Après, ce sont des thèmes qui m’intéressent de façon générale. La collapsologie est une chose que je trouve intéressante. Mais j’avais aussi envie de comprendre ce qui nous fascine, ce qui nous fait peur là-dedans. La BD Citéruine de Jérôme Dubois, que j’avais bien aimée, explore un peu cela. Peut-être que je me dis aussi que, finalement, tout ce qui fait sens dans notre vie, dans notre environnement, là maintenant, à ce moment donné, peut disparaître. C’est à la fois effrayant, et en même temps, ce n’est peut-être pas si grave et dramatique

© Éditions Matière

Dans vos deux premiers récits, il y a un souci régulier de la représentation de soi, de mise en abîme de soi, d’exister aux yeux des autres, thème principal, à notre sens, du Grand Vide. Dans le deuxième récit, il y a une planche amusante où l’héroïne semble dépoussiérer une vitre et elle aperçoit un combat entre des Playmobil, dont un, peut-on penser, qui la représente. Pourquoi l’omniprésence de ces thématiques de la perception et représentation de soi ?

Pour ce dessin en particulier, je crois que je n’ai pas forcément fait exprès de faire des liens. Dans la première partie, mes personnages du Grand Vide sont apparus dans cette série de dessins. Avant cela, ils n’existaient pas. Il s’agit peut-être d’un de mes points faibles d’écriture d’histoire : mes personnages ont tendance à plus réciter mes histoires qu’autre chose. Je dois faire pas mal d’efforts pour leur donner de la vie. Eux sont apparus dans cette dans cette série-là. Ceux sont mes personnages un peu « automatiques ». Il est donc possible qu’ils réapparaissent dans d’autres dessins de façon automatique.

Après, cette question de trace de l’existence, je me la pose, bien sûr. C’est peut-être lié aussi au fait que je produis du contenu qui existe en dehors de moi, qui existera, qui me survivra peut-être. Je me pose toujours la question. Ce n’est pas central mais ça traîne toujours dans un coin de ma tête, de me demander ce qui se passera, quelle sera la vie de ce que je fais. Pourquoi je laisse des traces ? Pourquoi ai-je besoin de cela ? C’est un mélange et une question de transmission.

© Éditions Flutiste

Pour le dernier récit, on semble être sur une fable fantastique liant la création, l’inventivité, toutes deux incarnées par l’encrier, et la mort, plusieurs pages se déroulant dans un cimetière où l’on retrouve votre sens du monumental, étant plus proche du cimetière du Père-Lachaise que d’un cimetière avec juste une plaque ou une croix. On est dans de l’onirisme et le plaisir de naviguer dans votre imaginaire ?

Cette troisième partie, je la dessine sur deux années. Je l’ai commencée en octobre 2021 et je l’ai terminée en juin 2023 pour terminer ce livre. Ce sont aussi des dessins préparatoires à un nouveau récit que j’écris. De ce fait, ils ont aussi accompagné tous les changements et toutes les bifurcations que j’ai pu suivre dans ce récit. Parce qu’un livre ne sort jamais tel quel de la tête de son auteur.

J’ai aussi essayé de retrouver un plaisir du dessin. j’étais alors en pleine promotion du Grand Vide. Je n’arrivais plus à trouver le temps de dessiner. À chaque dessin c’était une sorte de victoire qui me permettait de garder contact avec ma pratique. Donc je pense qu’il y a quelque chose de moins liée entre les dessins. Cependant, j’essaie quand même de porter, de mettre des images sur des sentiments, des concepts, ainsi qu’une histoire. Ce sont des codes avec lesquels j’ai bien aimé jouer. J’essaie de faire en sorte que ce soit pas non plus trop littéral, pour qu’on ait aussi plusieurs degrés de lecture, c’est quelque chose qui m’intéresse.

Justement. Nous avons interprété votre couverture comme une représentation du passé, du présent et de l’avenir. Nous surinterprétons ?

(rires) Où est le présent ? Où est le passé ? Où est l’avenir ?

Le passé, net et organisé, est représenté par la partie gauche. La partie droite est plus floue, incertaine, incarnant l’avenir. Tandis qu’au centre de la couverture, l’œil irisé nous regarde dans notre présent.

(rires) C’est génial ! Je valide ! Je n’y avais pas du tout pensé. En fait, la couverture devait réunir trois séries de dessins différents. Trois univers différents. J’étais alors en plein dans les dédicace à l’infini du Grand Vide, donc j’en avais marre de dessiner mon héroïne de la première partie.

© Éditions Flutiste

Puis l’héroïne de la deuxième partie ne symbolisait pas forcément l’univers du livre parce que je pense que c’est la série du livre la plus cohérente. Je souhaitais donc mettre un peu de chaque, de la destruction, de l’eau, des ruines, mais aussi des immeubles, des vieilles dames. Un mélange d’un peu de tout.

J’avais aussi envie de continuer à explorer, dans mon dessin, un lien entre l’abstrait et le concret. Quelque chose de très représentatif et de plus abstrait tout à la fois. Bien que je sois très loin de l’abstraction dans mon dessin. Je trouvais que le le jeu entre ce qui est reflété et ce qu’on voit au premier plan, ce que l’on perçoit à travers un miroir, était intéressant. Mais aussi une héroïne qui se perd, qui se noie un peu là-dedans, avec ce beau marquage irisé qu’on s’est offert chez Flutiste (rires).

Il existe une flèche qui apparaît tout au long de votre album, comme un jeu de piste. Simple amusement graphique ou réel signifiant ?

C’est un amusement graphique. Ce qui me fait un peu marrer c’est que cela donne du sens avec vraiment rien. On se prend à vouloir suivre la flèche et en fait…non. Graphiquement, ça me plaît bien. J’aime travailler autour des panneaux de signalisation, une chose qui revient souvent dans mes dessins. Une manière d’amener quelque chose de graphique, de symbolique. Un automatisme que j’aime.

Vous l’avez évoqué en ouverture de cette interview. Peut-on en savoir davantage sur votre prochain projet ?

J’ai terminé une première version, complète. Il y a encore beaucoup de travail, bien sûr. Je pense que je la dessinerai l’année prochaine pour une sortie en 2025 chez les Éditions 2024. Je me remets doucement. Je n’avais pas envie de faire un tome 2, en tout cas pas tout de suite, du Grand Vide. Pour se remettre dans le bain d’une histoire, se remettre dans sa tête, il faut s’isoler un peu. J’arrive enfin à me donner le temps.

© Éditions Flutiste

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782957797400

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