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Le festival Formula Bula 2023- Un beau programme et des nouveautés

Par Romain GARNIER le 20 septembre 2023                      Lien  
Du vendredi 21 au dimanche 23 septembre, le festival Formula Bula célèbre la bande dessinée alternative pour sa onzième édition. Pour l'occasion, la manifestation investit un nouvel espace baptisé Césure, en plein Quartier Latin, qui accueillera le village des éditeurs et toutes les activités du festival. Avec pas moins de 40 maisons d’édition françaises et européennes et 200 auteurs et autrices, Formula Bula a à cœur de faire partager une bande dessinée dite "alternative" lors de rencontres, de performances et de spectacles inédits.



Était-il possible de réaliser la onzième édition de Formula Bula sans inviter Martin Panchaud ? En janvier 2023, l’auteur suisse a reçu à Angoulême le Fauve d’or pour son ouvrage La couleur des choses. Un ouvrage unique en son genre réalisé à partir de logiciels informatiques. Un OVNI du 9ème art où la narration, vue du ciel, alterne entre dialogues teintés d’humour noir et aventures inattendues.

Le festival Formula Bula 2023- Un beau programme et des nouveautés
Extrait de "La couleur des choses" de Martin Panchaud, fauve d’or d’Angoulême 2023
© Éditions çà et là

Les invités de la bande dessinée alternative

À ses côtés, les festivaliers pourront découvrir ou retrouver des auteurs/autrices dont l’importance confirme le statut de l’événement, ainsi que sa dimension internationale après la venue de Chris Ware qui avait marqué l’édition 2022. :

- Lisa Blumen (Astra Nova, Avant l’oubli)
- Emmanuel Guibert (La Guerre d’Alan, Sardines de l’espace, Le Photographe...)
- Simon Liberman (co-fondateur des Éditions 2024, auteur de La Beauté et Le Talisman)
- Jacques de Loustal (Coeurs de sable, Black dog, Les Frères Adamov...)
- Jérémy Perrodeau (Crépuscule, Le long des ruines...)
- Amélie Strobino (Suisse) (Pourquoi les vouivres raffolent des myrtilles...)
- Thierry Van Hasselt (Belgique) (fondateur de la maison d’édition Frémok, auteur de Gloria Lopez, Brutalis ou Les Images volées)
-  Chloé Wary (Saison des roses, Beethov sur Seine...)
- Lale Westvind (États-Unis) (Grip, Grand Electric Thought Power Mother...)
- Connor Willumsen (Canada) (Bradley à Bradley, Les Âmes sèches...)
- Lukasz Wojciechowski (Pologne) (architecte, enseignant, auteur de Ville Nouvelle, Soleil mécanique...)
- Anna Haifisch (Allemagne) (The Artist, Clinique Von Spatz, Schappi)
- Paco Roca (Espagne) (Le Trésor du Cygne noir, L’hiver du dessinateur, Crossroads, Rides...)
- Powerpaola (Colombie) (Virus Tropical, Tout va bien se passer...)

Extrait de "Virus Tropical" de Powerpaola
© Éditions L’Agrume

Une programmation éclectique à l’image de la bande dessinée alternative

Nombre de ces auteurs ne sont pas uniquement auteurs et autrices de bande dessinée. Les multiples facettes artistiques que peuvent embrasser ces auteurs et autrices illustrent la volonté de Formula Bula de faire dialoguer le 9e art avec d’autres formes créatives. En témoignent les expositions d’une grande diversité proposées aux festivaliers.

- La science-fiction : Lale Westvind, Lina Ehrentraut, Lisa Blumen et Jérémy Perrodeau ont été invités à confronter leur manière de traiter de la science-fiction. Pour l’occasion, ce seront des planches de Grip, bande dessinée sortie aux éditions Les Requins Marteaux en mai 2023, qui illustreront le travail de Lale Westvind. Un dessin généralement saturé, d’une grande richesse, captant le regard, nous égarant dans de multiples lectures d’une unique planche. L’autrice étasunienne échangera sur son travail lors d’une rencontre à la Césure (23 septembre, 14h). Quant à Lisa Blumen, elle rencontrera son public à la médiathèque Rainer Maria Rilke afin d’échanger sur sa nouvelle bande dessinée : Astra Nova (23 septembre, 17h).

Extrait de "Grip" de Lale Westvind
© Les Requins Marteaux

- L’architecture : Deux architectes de formation, et auteurs de bandes dessinée, confrontent leur travail dans une exposition qui interroge le fait urbain. Le Polonais Lukas Wojciechowski et la Française Agnès Hostache ont une actualité éditoriale qui nourrit la réflexion. Comme en résonance avec Martin Panchaud, le premier recourt pour sa création artistique a un logiciel, nommé Autocad, théoriquement réservé à sa profession. Son dernier ouvrage, Dum Dum, met en scène un vétéran de la Première Guerre mondiale qui investit le Berlin architectural des années 1930. Quant à Agnès Hostache, son récit, E.1027, s’intéresse à la villa mythique conçue par l’architecte irlandaise, Eileen Gray.

"J’utilise : copier, faire tourner, décaler, hachurer, comme pour un dessin d’architecture ordinaire. Une ligne technique, un rythme mécanique, et une répétition efficace." (Lukasz Wojciechowski)

- L’artiste et son geste : Pour questionner le métier d’artiste, le travail des autrices française, Nina Lechartier, et allemande, Anna Haifisch, a été choisi comme support à l’exposition. Inévitable quand on sait que Anna Haifisch est l’autrice de The Artist, publié aux éditions Misma en 2016, dans lequel elle investit la thématique de l’artiste maudit. Avec L’invité fantastique (éditions Magnani), Nina Lechartier nous narre le destin d’un artiste en résidence dont on ne connaît ni le nom, ni le projet, le tout dans un style proche de la peinture expressionniste.

Extrait de "Dum Dum" de Lukas Wojciechowski
© Éditions çà et là

- L’autobiographie : Venez découvrir la Colombienne Powerpaola (inspirée par le travail de Julie Doucet) et la fFrançaise Salomé Lahoche. Pour la première, l’exposition propose une promenade le long d’un entretien fleuve et la présentation de planches issues de quatre de ses livres publiés aux éditions de l’Agrume : Virus Tropical, Tout va bien se passer, Qp et Tous les vélos de ma vie (2022). Pour Salomé Lahoche, le quotidien est au cœur de sa vie artistique. La Vie est une corvée (éditions Exemplaire), son premier ouvrage, compile des strips inédits et une majorité de strips préalablement publiée sur Instagram. Une format et une démarche rappelant le travail de Lisa Mandel, mais en plus bavard, le texte saturant davantage les cases.

- Le polar : Voilà encore un genre populaire dont s’empare une exposition de Formula Bula grâce au travail de Jacques de Loustal. Que ce soit Les Frères Adamov, White Sonya, Pigalle 62.27 ou Le Sang des voyous, l’œuvre de Loustal regorge de personnages complexes évoluant dans un monde où les codes du polar sont omniprésents.

© Éditions Misma

L’exposition inattendue : Formula Bula Magazine

Nous ignorons s’il existe un précédent, mais quoi qu’il en soit, la forme est originale, audacieuse et inattendue. Le festival Formula Bula a imaginé une exposition collective à travers la création d’un magazine Formula Bula immense, en trois dimensions.

Une forme d’hommage rendu à tous les grands magazines qui ont jalonné l’histoire de la bande dessinée. Pilote, Fluide Glacial, Raw, Métal Hurlant... ont été des espaces de liberté. Des espaces où les auteurs et autrices ont pu explorer et transgresser les règles du medium afin de le renouveler sans cesse. Formula Bula souhaite renouveler l’expérience le temps de l’événement.

Pour cet hommage, les artistes Lukasz Wojciechowski, Nina Lechartier, Agnès Hostache, Anna Haifisch, Late Westvind, Salomé Lahoche, Powerpaola et Zad Kofar ont été rassemblés.

Ce magazine unique unique en son genre décortique le processus créatif des auteurs et autrices à travers des entretiens, des illustrations, ainsi que des planches originales. Bien évidemment, on y trouve une couverture, un sommaire ou des cahiers thématiques. Pour l’occasion, le festival a trouvé un slogan amusant : "Formula Bula, le seul magazine qui ne tient pas dans la main mais reste dans la tête !".

Nouveauté des éditions Les Fourmis Rouges signée Mathilde Poncet
© Les Fourmis Rouges

Un festival tourné vers la jeunesse

Quand on souhaite faire vivre la bande dessinée, il est un lecteur ou une lectrice à qui toute l’attention doit être apportée : les jeunes lecteurs et lectrices. Ils sont l’avenir de ce domaine si créatif et Formula Bula ne s’y est pas trompé.

Afin de faire découvrir l’illustration, la bande dessinée et la narration destinées à la jeunesse, une exposition consacrée à la maison d’édition Les Fourmis Rouges a lieu du 1er septembre au 7 octobre à la bibliothèque l’Heure Joyeuse (Paris - 5e). La maison d’édition est spécialisée dans la publication d’ouvrages pour la jeunesse avec une grande variété de styles et de narrations. Pour l’occasion, de nombreux ouvrages issus d’un catalogue de 130 titres seront présentés au public.

Pour les enfants, à partir de 7 ans, un conte musical et dessiné sera mis en scène les vendredi 22 et samedi 23 septembre dans la salle de spectacle du CRL10, Quai de Jemmapes (Paris - 10e). Ce sera l’occasion de vivre l’illustration d’une manière différente pour les enfants. Les auteurs, Viryane Stay, Fanny Charmont et Thomas Brosset ont imaginé un monde étrange et fantasmagorique qui devrait intriguer les enfants comme les adultes : "On découvre un guide étrange et un monde pointu peuplé d’êtres baveux, râpeux, électriques ou velus, qui sentent le poisson, les feuilles mortes, le vinaigre, le compost et l’essence."

Pour ceux qui se sentent d’ores et déjà une âme d’artiste, l’autrice-illustratrice Anne Laval proposera le samedi 23 septembre, à 15h, non loin de l’exposition sur Les Fourmis Rouges, un atelier. Il sera proposé aux enfants de "construire une affiche sur sa saison préférée en mêlant la technique du pochoir, le découpage, le tampon et le dessin".

© Formula Bula

Enfin, rendez-vous sur le lieu du festival, la Césure (Paris - 5e), dans le cadre du concours international du fanzine d’enfant. En partenariat avec les éditions de L’Articho, il est proposé aux jeunes pousses de créer seul, ou en groupe, un fanzine en version papier dont la forme et le sujet sont libres. Chacun, entre 5 et 17 ans peut prétendre recevoir un prix.

Création d’un prix célébrant la meilleure bande dessinée de la rentrée : le Prix Prima Bula

Depuis 2021, Formula Bula, en partenariat avec Paris Librairies et le diffuseur Les Belles Lettres, propose une sélection de huit bandes dessinées sorties en librairie entre le 18 août et le 15 septembre. Cette sélection est mise en avant dans pas moins de 400 librairies partenaires. De cette sélection, un ouvrage sera désormais le récipiendaire du Prix Prima Bula. Dans ce monde de la bande dessinée où les prix ne sont généralement que peu ou pas dotés, le festival Formula Bula accompagnera le lauréat avec une dotation de 1000 euros.

Les sélectionnés au titre potentiel de "meilleure BD du Monde de la rentrée", ou Prix Prima Bula, sont :

- Le Nécromanchien de Matthias Arégui - Éditions 2024
- Cailloux de Nadine Redlich - Éditions de l’Articho
- Saubon archives volume 2 de Carlos Nine - Éditions Les rêveurs
- Rosigny Zoo de Chloé Wary - Éditions Flblb
- Flore et faune de Émilie Östergren - Éditions The Hoochie Coochie
- La Véritable Histoire de Saint-Nicolas de Thierry Van Hasselt - Éditions Frémok
- Mandoline de Pia-Mélissa Laroche - Éditions Matière
- Le Grand Je de Rachel Delville - Éditions Atrabile

Extrait de "Le Nécromanchien" de Matthias Arégui
© Éditions 2024

La Césure, nouveau lieu du festival

Il s’agit de la nouveauté majeure pour les habitués du festival. En attente d’une réhabilitation, l’ancien campus de Sorbonne-Nouvelle devient le lieu d’accueil du festival, que ce soient pour les auteurs, les maisons d’édition, l’exposition du magazine Formula Bula ou les principales rencontres. Cette démarche s’intègre dans un projet de programmation culturelle et festive qu’incarne la nouvelle structure qui occupe les lieux, Césure (Paris - 5e), en plein Quartier Latin.

Formula Bula : Hors-les-murs

Vous ne pouvez vous rendre dans le 5e arrondissement ? Formula Bula propose des activités dans le 10e arrondissement, ainsi qu’à Noisy-le-sec (93). Aux Micro-folies, à Noisy-le-sec, l’autrice Alizée de Pin et l’animateur-nature Antoine Chaumeil vous accueillent pour une histoire botanique mêlée à la pratique artistique. Une occasion pour vous de remplir votre propre carnet. Quant à la galerie IMMIX (Paris - 10e), elle accueille une exposition, notamment marquée par le travail des auteurs espagnols Maria Herreros et Paco Roca, dont l’intitulé est "La photo en BD, la preuve de l’intime". La démarche consiste à interroger l’antagonisme souvent présenté entre la photographie, agente d’un réel froid et impersonnel car objectif, par opposition au dessin, fruit d’une interprétation du réel, témoin de l’imaginaire et de l’audace cérébrale.

© Éditions Les Rêveurs

Un rendez-vous à ne pas manquer ?

Le samedi 23 septembre, à 10h30, dans le 5e arrondissement, un balade commentée aura lieu avec l’auteur Emmanuel Guibert. Ce petit groupe de chanceux le sera après s’être inscrit pour l’événement intitulé "Visitopif".

Nous vous donnons rendez-vous ce long week-end, du vendredi 22 au dimanche 24, afin de célébrer comme il se doit la créativité et le dynamisme d’une bande dessinée d’une rare diversité.

"On change de forme mais pas de formule : Formula Bula on peut toujours y trouver ce qu’on ne cherchait pas !" (Festival Formula Bula)

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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