21 ventes et près de 8000 lots, sachant que parfois, un lot peut comprendre plusieurs objets. Trouvent-ils acheteurs ? « Oui, répond Michel Coste d’Imaginem, peut-être le seul expert à tenir une statistique de ces ventes depuis plus d’une dizaine d’années : on constate entre 65% et 80% d’articles vendus. Mais cette année, c’est un record historique ! »
L’embellie est due aux nouveaux arrivants : « Aux maisons de vente classiques (Christie’s, Sotheby’s, etc.) s’ajoutent de nouvelles maisons qui se créent », précise l’expert.
À l’approche de Noël sortent des pièces exceptionnelles, comme cette vente Morris qui a lieu aujourd’hui chez Huberty & Breyne : « Avant, c’était en mai-juin, maintenant, on ajoute novembre et décembre. » On se dirige donc vers une année record, après une année 2022 déjà exceptionnelle : « 190 ventes sur quatre pays en 2022 ».
Une année record
Jugez d’ailleurs de la progression (chiffres fournis par Michel Coste [1]) : Entre 2011 (26 ventes et 12 362 lots proposés) et 2022 (82 ventes et 37 981 lots proposés), le marché a été multiplié par trois. Le taux moyen d’objets vendus ayant atteint les estimations est de 76,49%. Le marché français repose sur 28 maisons de vente et sur internet pour 39 ventes en ligne. Mais comme souvent, seulement 12 SVV (Sociétés de vente volontaire) parisiennes ont constitué plus de 88% du chiffre d’affaire de l’année en section BD/illustration. 2023 devrait dépassser ce chiffre.
Les plus gros records de 2022 ont été :
Une planche d’Hergé de L’Oreille cassée de 1943 vendue par Tessier Sarrou à 410 000 € hors frais
La couverture originale du Grand Fossé d’Uderzo (1980) vendue par Fauve (commission comprise)
L’impact de l’Internet
La raison de ce boom ? La dématérialisation. Naguère, la plupart des vacations étaient physiques, par téléphone et en même temps online. Mais désormais, les ventes online progressent vite, grâce à des plateformes comme celles de Drouot Live, par exemple.
Selon le même expert, depuis quatre ans, de belles pièces du Top 100 devenues rares sur le marché réapparaissent. « Peut-être un effet de génération, estime-t-il. Quelques grands collectionneurs se défont ou revendent des choses pour des raisons qui peuvent être familiales, personnelles (divorce…) ou de santé... »
Récemment, on a vu l’ayant-droit d’Uderzo contester la vente d’un dessin et le fisc et les tribunaux s’emparer de la dispersion contestable de l’héritage de Jacobs… Sur le Net, les fausses dédicaces pullulent… « C’est lié au succès de ce nouveau marché estime l’expert. De tous temps, on a vu apparaître des faux Corot, des faux Gauguin, de faux Giacometti…, des héritages à scandale : Picasso, Vasarely… »
Dès que des grosses sommes sont en jeu, évidemment, il faut être prudent, exiger des garanties, des certificats, des factures... « Il y a une trentaine de critères pour une bonne expertise. J’en vois passer des faux, des œuvres à l’origine douteuse. Cela a toujours existé. Mais dans la bande dessinée, il y a un fait : certains éditeurs, certains imprimeurs,… ne rendaient pas les originaux, les auteurs ont beaucoup donné, c’est l’histoire de la BD ! » Cela ne dédouane pas pour autant les escrocs. « Le problème, c’est la preuve. Y-a-t ’il eu plainte ? Quand ? C’est ça le sujet. Moi, au moindre doute, je ne prends pas… »
Dans ce podcast, Michel Coste nous raconte les arcanes de son métier et les secrets de ce marché. Enjoy !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
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Photo : Kelian Nguyen
[1] Le Marché européen du 9e Art - Résultats de l’année 2022.
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