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Michel Coste - Bilan 2023 : L’étonnante vitalité du marché de la collection [PODCAST]

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 décembre 2023                      Lien  
Laissons un temps l’étonnante Affaire Jacobs aux prétoires et à leurs commentateurs pour s’étonner que, cette année en particulier, le marché des planches, des dessins originaux et des albums de collection est en pleine expansion. Ainsi, entre début novembre et décembre, ce ne sont pas moins de 21 vacations, sur trois pays : France, Belgique, Italie, qui ont été offertes aux amateurs. Un record! Rencontre et explications avec un expert analyste du marché.

21 ventes et près de 8000 lots, sachant que parfois, un lot peut comprendre plusieurs objets. Trouvent-ils acheteurs ? « Oui, répond Michel Coste d’Imaginem, peut-être le seul expert à tenir une statistique de ces ventes depuis plus d’une dizaine d’années : on constate entre 65% et 80% d’articles vendus. Mais cette année, c’est un record historique  ! »

L’embellie est due aux nouveaux arrivants : « Aux maisons de vente classiques (Christie’s, Sotheby’s, etc.) s’ajoutent de nouvelles maisons qui se créent  », précise l’expert.

À l’approche de Noël sortent des pièces exceptionnelles, comme cette vente Morris qui a lieu aujourd’hui chez Huberty & Breyne : «  Avant, c’était en mai-juin, maintenant, on ajoute novembre et décembre. » On se dirige donc vers une année record, après une année 2022 déjà exceptionnelle : « 190 ventes sur quatre pays en 2022 ».

Une année record

Jugez d’ailleurs de la progression (chiffres fournis par Michel Coste [1]) : Entre 2011 (26 ventes et 12 362 lots proposés) et 2022 (82 ventes et 37 981 lots proposés), le marché a été multiplié par trois. Le taux moyen d’objets vendus ayant atteint les estimations est de 76,49%. Le marché français repose sur 28 maisons de vente et sur internet pour 39 ventes en ligne. Mais comme souvent, seulement 12 SVV (Sociétés de vente volontaire) parisiennes ont constitué plus de 88% du chiffre d’affaire de l’année en section BD/illustration. 2023 devrait dépassser ce chiffre.

Michel Coste - Bilan 2023 : L'étonnante vitalité du marché de la collection [PODCAST]
Une vente chez Sotheby’s en 2015
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Les plus gros records de 2022 ont été :
- Une planche d’Hergé de L’Oreille cassée de 1943 vendue par Tessier Sarrou à 410 000 € hors frais
- La couverture originale du Grand Fossé d’Uderzo (1980) vendue par Fauve (commission comprise)

L’impact de l’Internet

La raison de ce boom ? La dématérialisation. Naguère, la plupart des vacations étaient physiques, par téléphone et en même temps online. Mais désormais, les ventes online progressent vite, grâce à des plateformes comme celles de Drouot Live, par exemple.

Selon le même expert, depuis quatre ans, de belles pièces du Top 100 devenues rares sur le marché réapparaissent. « Peut-être un effet de génération, estime-t-il. Quelques grands collectionneurs se défont ou revendent des choses pour des raisons qui peuvent être familiales, personnelles (divorce…) ou de santé... »

Récemment, on a vu l’ayant-droit d’Uderzo contester la vente d’un dessin et le fisc et les tribunaux s’emparer de la dispersion contestable de l’héritage de Jacobs… Sur le Net, les fausses dédicaces pullulent… « C’est lié au succès de ce nouveau marché estime l’expert. De tous temps, on a vu apparaître des faux Corot, des faux Gauguin, de faux Giacometti…, des héritages à scandale : Picasso, Vasarely »

Michel Coste, expert pour Imaginem
Photo : Kelian Nguyen

Dès que des grosses sommes sont en jeu, évidemment, il faut être prudent, exiger des garanties, des certificats, des factures... « Il y a une trentaine de critères pour une bonne expertise. J’en vois passer des faux, des œuvres à l’origine douteuse. Cela a toujours existé. Mais dans la bande dessinée, il y a un fait : certains éditeurs, certains imprimeurs,… ne rendaient pas les originaux, les auteurs ont beaucoup donné, c’est l’histoire de la BD !  » Cela ne dédouane pas pour autant les escrocs. « Le problème, c’est la preuve. Y-a-t ’il eu plainte ? Quand ? C’est ça le sujet. Moi, au moindre doute, je ne prends pas… »

Dans ce podcast, Michel Coste nous raconte les arcanes de son métier et les secrets de ce marché. Enjoy !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photo : Kelian Nguyen

[1Le Marché européen du 9e Art - Résultats de l’année 2022.

Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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12 Messages :
  • Intéressante interview, surtout les quatre dernières minutes sur l’impact de l’image. Mes amitiés à Michel !

    Répondre à ce message

    • Répondu par COSTE Michel le 20 décembre 2023 à  12:20 :

      Bonjour Michel Datay
      merci de votre commentaire.
      Sauf erreur ou omission (ou "j’ai la mémoire qui flanche, j’m souv...) votre nom m’est inconnu (un pseudo peut-être ?)
      Cdt
      Michel Coste

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  • De plus en plus, les auteurs utilisent les écrans pour créer leurs planches et illustrations. L’original papier n’existe donc plus. Quel marché pour les originaux dans une vingtaine d’années ? Les originaux numériques NFT. Les NFT ont montré leurs limites.
    La tendance actuelle n’est peut-être que générationnelle. Les pièces qui ont une véritable valeur et que les collectionneurs s’arrachent, correspondent surtout à une période de l’histoire de la bande dessinée des années 1940 aux années 1980. Toujours les mêmes artistes cités : Hergé, Jacobs, Uderzo, Morris, Franquin…
    Pas d’originaux extraits d’albums publiés il y a moins de vingt ans battent des records de vente. Du moins, c’est ce que j’ai constaté.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 20 décembre 2023 à  09:02 :

      Pas d’originaux extraits d’albums publiés il y a moins de vingt ans battent des records de vente. Du moins, c’est ce que j’ai constaté.

      vous oubliez Enki Bilal.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 20 décembre 2023 à  11:28 :

        J’y ai pensé mais Bilal, ces œuvres les plus importantes datent des années 1970-80.

        Trouvez-m’en d’autres parce que je ne trouve pas !

        Ou bien ils sont encore trop jeunes et leurs œuvres prendront de l’importance dans les décennies à venir. Ou bien la vente d’originaux est une niche et un marché générationnel.
        Ces questions, les marchands d’art se les posent aussi. Ce qui est logique puisqu’ils ont besoin de sentir les tendances pour devancer et créer le marché.

        Répondre à ce message

      • Répondu par COSTE Michel le 20 décembre 2023 à  12:17 :

        Bonjour Madame ou Monsieur,
        pour répondre à votre commentaire. 1) sur les albums de moins de vingt ans : records de vente en valeur non..car le marché est un marché de choix des collectionneurs.. mais en augmentation de valeur intrinsèque si l’auteur publie longtemps ou a eu un prix ou un succès d’édition, s’il est passé par les VAE (ventes aux enchères) pour obtenir un début de côte ou s’il a été mis en avant par une galerie du 9ème art.
        2) Bilal : non j’en parle dans le podcast ; il est second derrière Hergé et encore vivant, son talent est aussi apprécié en BD qu’en art contemporain issu de ses ouvrages.
        je reste à votre disposition.
        Cdt Michel COSTE

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        • Répondu le 21 décembre 2023 à  08:32 :

          Merci pour ces précisions, Monsieur Coste !

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        • Répondu par Sergent Diesel le 27 décembre 2023 à  01:21 :

          Espérons que l’artiste finira par avoir toutes ses côtes, car leur absence est vraiment handicapante.
          Quand il s’agit d’une valeur, on écrit "cote" sans accent circonflexe. Sinon, c’est la côte de bœuf, la Côte d’Azur, voire la côte d’Adam dont la valeur doit bien atteindre la cote d’Hergé.
          Pour résumer : pour obtenir une côte, allez chez le boucher, pour obtenir une cote, aller dans une vente aux enchères.

          Répondre à ce message

      • Répondu le 20 décembre 2023 à  14:18 :

        Mauvais exemple. Depuis près de 20 ans, Bilal ne fait plus de planches de BD. Seulement des dessins indépendants qui sont remontés ensuite sur un logiciel de pao pour en faire des BD.

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        • Répondu le 21 décembre 2023 à  11:15 :

          Ma plupart des dessinateurs de BD font leur page en plusieurs morceaux et les rassemblent après. N’avez-vous jamais remarqué les petits 1a 1b 1c en bas des cases ? Ca n’en reste pas moins des planches de BD.

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          • Répondu le 21 décembre 2023 à  13:57 :

            Oui beaucoup d’auteurs travaillent en strips, c’est même ce qui a donné son nom à cet art. Mais Bilal aujourd’hui travaille vraiment case par case. Il n’y plus de planches. Mais comme chacune de ses cases peut prendre de la valeur, le marché de l’œuvre originale devrait s’y retrouver, à condition que la cote de Bilal reste élevée…

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  • "Une embellie est dûe aux nouveaux arrivants".

    Pardon d’enfoncer le clou, mais le participe passé du verbe devoir prend un accent circonflexe seulement au masculin singulier.
    Ici, il faut donc écrire "… est due".

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