En s’initiant au L.S.D. en 1965, Robert Crumb se libère d’un paquet d’inhibitions, sans pour autant tourner le dos à sa nature de grognon passéiste. Nous sommes à l’époque la plus colorée des sixties, entre le flower power et l’explosion du psychédélisme, Crumb devient -à son corps défendant- une icône. C’est un paradoxe largement souligné par l’éditeur : Crumb est devenu un symbole d’une époque qu’il ne goûtait que très peu.
Entre 1965 et 1970, les États-Unis se métamorphosent. La jeunesse américaine s’empare du mouvement utopiste aspirant à la paix et l’amour. L’amour libre, la libération de la femme et un nouvel ordre débraillé servent de boussole à cette génération hippie. S’il en est le témoin, Robert Crumb n’oublie pas de l’égratigner. Par ses sarcasmes et son ironie un brin malveillante, il livre une vision pas complètement dupe de cette révolte. Le ton est dubitatif, le dessin est rebondi. Toutes en galbes et en hachures, ces planches de jeunesse sont de petites merveilles.
Mister Sixties bénéficie d’une restauration complète, ainsi que de la patte du maestro pour la recomposition du dessin de couverture et pour le lettrage. Les éditions Cornélius continuent leur méticuleux et impeccable travail de réédition.
Assurément, si les bandes dessinées étaient des DVD, celles de chez Cornélius seraient des Blu-ray.
(par Morgan Di Salvia)
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