Le syndrome d’Asperger, vous connaissez ? Une incapacité émotionnelle entraînant de fait une exclusion de la société. Et en parallèle, des compétences intellectuelles largement au-dessus de la moyenne. En perdant sa mère dans un semblant d’accident, Appollo se retrouve totalement démuni. Son existence se fige, il s’extrait du monde. Pourtant, il a bien une demi-sœur, mais d’autant plus éloignée qu’elle revendique farouchement son indépendance, même dans sa façon de faire régner l’ordre. Une flic explosive qui rêvait pourtant de rejoindre les services secrets. Avec la prostration d’Appollo, les pontes de la NSA vont donc lui proposer une offre irrésistible : elle redonne le sourire au prodige, en échange de la plaque magique...
Dommage que la couverture assez convenue de cet album rende si peu hommage à l’ambiance de NSA. Le personnage d’Appollo s’avère fascinant, nous renvoyant à notre obsession du savoir et du contrôle, au fantasme du savoir absolu, tout en affichant une fragilité de nouveau-né. Autour de lui, les seconds rôles portent tous une originalité qui fait mouche : la sœur bougonne mais sensible, les recruteurs roublards et pince-sans-rire, et l’agent de liaison gay qui allie finesse et élégance.
Bien sûr, cette relation qui naît entre un frère autiste et un parent redécouvert, c’est le film Rain Man. Mais le scénario de Gloris ne plonge pas dans l’émotion lacrymale. Les échanges entre Appollo et sa sœur gardent une pudeur cohérente.
Reste le brio de l’intrigue : on comprend vite que le jeune homme (surnommé l’Oracle) constitue la cible d’un puissant groupe factieux, et il paraît bien peu protégé face à l’adversité. Des alliés bienvenus vont faire leur entrée. On les découvre en fin de volume. Encore des caractères charismatiques : un journaliste entêté mais pas téméraire, et un mystérieux informateur.
Tout simplement un des meilleurs polars de ce début d’année.
(par David TAUGIS)
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