La surface du monde fut ravagée par les flammes le jour où une étrange lumière surgie des confins de l’espace témoigna son intérêt pour notre planète. Toute forme de vie est proche de l’extinction et l’Homme n’est pas épargné par le cataclysme.
Aux quatre coins de l’Europe, les survivants s’organisent sous la supervision d’un simulacre de gouvernement militaire n’ayant qu’un objectif : la vengeance. Soldats et scientifiques réunissent ainsi un vaste groupe d’enfants ayant échappé à la mort et débute une expérience visant à en faire des guerriers parfaits qui, un jour, seront capables de porter les armes dans une croisade spatiale à destination du monde ennemi.
Dès lors, le scénario va se concentrer sur sept de ces orphelins, réunis et entraînés ensemble du fait de leur nationalité commune. Alternant les réminiscences d’une formation qui les a transformés en véritable armes de guerre tout en renforçant leurs liens, à un présent où nous les découvrons plus âgés à l’instant-même du débarquement sur la planète hostile, les auteurs développent un univers et une ambiance qui prend du temps à s’installer et desquels se dégagent l’impression d’une intrigue plus complexe et étrange que ce qu’elle laisse paraître aux premiers abords. D’une part à cause de la nature psychédélique de l’opposant et de son environnement, mais également à travers l’ellipse qui sépare les deux parties de l’œuvre et qui laisse supposer quelques secrets peu avouables et autres manigances.
Roberto Recchioni, Emiliano Mammucari et Alessandro Bignamini sont trois auteurs italiens qui nous présentent une BD qui pourrait facilement passer sous les radars en cette fin de période estivale où les différents éditeurs inondent le marché avec des titres plus attendus. Et pourtant, on aurait peut-être tort de négliger certaines de ses qualités.
L’intention de Recchioni est de construire son histoire sur six tomes à un rythme de sortie soutenu, à raison d’un album tous les trimestres. Nous attendons à ce propos le deuxième volume de Orphelins pour le 7 octobre 2015. Pour répondre à cette attente et à ce rythme effréné, la partie graphique s’en retrouve sectionnée en deux phases, chacune illustrée par un artiste différent.
Mammucari sur la première partie, Bignamini sur la seconde, l’ensemble garde cependant une emprunte assez uniforme sans que l’on ne se rende compte du passage de relais. Et si les deux dessinateurs partagent un coup de crayon quasiment semblable, on regrette en revanche le défaut qu’ils partagent,à savoir une représentation des visages et des corps assez minimaliste et peu expressive.
L’impact visuel gagne néanmoins en intensité lors de scènes d’action nerveuses et de la mise en scène d’arrières-plans escarpés et dévastés qui aident à se fondre dans ce cadre de fin du monde.
Orphelins est une série qui prend véritablement du temps pour étayer son propos et capturer l’attention. Très classique dans un premier temps, on entraperçoit rapidement les ficelles de l’intrigue et ses inspirations, le sursaut d’intérêt et d’originalité du titre se comprend dans les détails de l’œuvre. De l’apparence et des caractéristiques des extraterrestres aux mystères suggérés au sein même de la hiérarchie militaire humaine, la lecture en devient de plus en plus agréable au fil des pages.
Nous relevons également une caractérisation des personnages principaux évolutive qui donne lieu à des particularités singulières pour chacun d’entre eux et servent à les définir sur le champ de bataille. Chacun y gagne un rôle bien particulier qui permet une orchestration des affrontements construits de manière plus tactique. Une idée qui a du potentiel si tant est que ce soit correctement exploité par la suite.
Malgré quelques lacunes au niveau du dessin et du scénario, Orphelins a su nous séduire et titiller notre curiosité sur la longueur. Il ne reste plus qu’à attendre la confirmation de cette bonne impression qui devrait nous parvenir très rapidement avec la publication du deuxième tome.
(par Marco ZANINI)
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