La vie de Zoglu commence sur un malentendu : tandis que la femme censée être sa mère met au monde des veaux au grand dam de son prince de compagnon, quelque part, une vache accouche d’un petit humain. Le prince humilié, incrédule, brûle ceux qui lui racontent la vérité : son enfant est bel et bien né d’une vache. Mais un jour, le feu s’étend à tout son palais, ainsi qu’à la ville de Gniezno, alors détruite. Les vaches et les veaux ayant disparu du royaume, Zoglu est récupéré par la sorcière à l’origine de ces étranges phénomènes. Ainsi se déroule le premier chapitre, qui pose le décor de cette aventure : tragique, aberrant, extravagant. S’y ajoute également quelques touches d’humour, dont Simon Spruyt avait déjà fait preuve de la maîtrise dans SGF.
Bien entendu, Zoglu ne retrouve jamais sa mère. Mais sa quête est le prétexte d’une initiation à la connaissance de la diversité humaine, sur fond de critique sociale qui tourne parfois à la farce : couple de chevaliers teutoniques gay, bûcherons misogynes, ramoneur albinos suicidaire, femmes énormes accouchant de filles à barbe... Ces rencontres le transformeront progressivement en modèle quasi-religieux, doté lui aussi d’un étrange pouvoir d’attraction : Zoglu devient Papa Zoglu.
L’ouvrage, très soigné sur la forme, se présente avec des jeux sur les couleurs, les formes et la position des phylactères, en parodiant notamment l’aspect pictural des enluminures médiévales. Un contraste d’autant plus saisissant avec la modernité du récit.
(par Damien Boone)
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