Reprenons le fil des événements. Le soir d’Halloween 1988, dans une petite bourgade américaine, d’étranges phénomènes se produisent, à commencer par l’irruption de gigantesques oiseaux, chevauchés par des individus parlant un étonnant sabir. Débute une rafle à grande échelle des habitants de Stony Stream à laquelle quatre jeunes filles, livreuses de journaux, tentent d’échapper.
Cette situations résulte d’un conflit de générations qui agite notre futur lointain dans lequel les voyages temporels sont devenus possibles. Et voilà notre proche passé devenu le théâtre d’une guerre par-delà les âges tandis que nos héroïnes empruntent une machine à voyage dans le temps qui les projette de 1988 en 2016.
L’occasion pour elles de découvrir ce que chacune d’entre elles est devenue dans cet intervalle de vingt ans. Mais aussi de recoller les morceaux, de comprendre ce qui leur arrive, et d’essayer de retrouver l’une d’elle perdue en cours de route. Alors même qu’elles sont pourchassées à travers les époques et que chaque saut dans le temps provoque son lot de catastrophes, comme l’irruption de monstrueuses créatures.
La force de ce deuxième tome de Paper Girls réside dans le fait d’assumer à plein le motif du voyage temporel pour en affronter les difficultés et les paradoxes. Nos héroïnes se confrontent ainsi directement à leurs doubles du futur et ce thème-là se trouve dès lors retravaillé en profondeur pour offrir son lot de surprises renouvelées.
De même, la question de la modification des événements entrainée par les différents voyages, non encore accomplis, des protagonistes structure de manière prégnante et affichée l’action. Le périple de Mac, Erin, KJ et Tiffany s’apparente alors à un jeu de piste trouble, rempli de faux-semblants et d’illusions, nos paper girls s’attelant à démêler le vrai du faux à chaque étape de cette quête.
Brian K. Vaughan fait ici la démonstration de sa maîtrise dans la composition de la trame scénaristique tout en proposant le portrait de personnages féminins vivants et attachants. Et il est bien accompagné ici par Cliff Chiang : son dessin cherche sans cesse à travailler l’expressivité des personnages et à dynamiser une action menée tambour battant.
Rappelons-le : Paper Girls s’est vu récompensé par deux Eisner Awards en 2016, celui de la meilleure nouvelle série et celui du meilleur dessin, et ce n’est pas un hasard. Ce deuxième volume confirme la bonne impression laissée par le premier. Il nous entraine dans les méandres des flux temporels et on s’y laisse embarquer avec plaisir, attendant de découvrir ce que cette aventures aux bases à présent bien posées va pouvoir nous raconter d’un univers qu’elle n’a pour le moment qu’ébauché.
(par Aurélien Pigeat)
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Paper Girls T2. Par Brian K. Vaughan (scénario) et Cliff Chiang (dessin). Couleur : Matt Wilson et Dee Cunniffe. Traduction Jérémy Manesse. Urban Comics, collection "Indies". Édition originale Image Comics. Sortie le 24 mars 2017. 136 pages. 15 euros.
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