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Paris, une bédéthèque au Quai Branly

Par Laurent Melikian le 12 octobre 2021                      Lien  
Enfin, -outre la Cité d'Angoulême- un musée national consacre un espace permanent à la bande dessinée. Dédié aux arts et civilisations non-européens, le Quai Branly - Jacques Chirac a placé son salon de lecture sous l’emprise presque totale du neuvième art. Motivée par l’année BD 2020-2021, cette conversion qui ne devait être que temporaire s’avère définitive.

En phase avec sa nouvelle grande exposition temporaire, l’Ultime combat -à propos des arts martiaux-, ce jeudi 14 octobre, le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac, accueille un colloque universitaire : Bande dessinée en Asie Orientale. Sur une affiche signée du maître taiwanais Chen Uen, des spécialistes européens, américains et asiatiques seront réunis et leurs interventions retransmises en ligne. La journée se déroulera au Salon de lecture Jacques Kerchache qui depuis plus d’un an est devenu une bédéthèque. Vous ne saviez pas qu’une grande institution nationale parisienne comporte un lieu permanent dédié à la bande dessinée ? Eh bien maintenant vous le savez mais on vous en dit plus.

Paris, une bédéthèque au Quai Branly

Retour en arrière. Début des années 1990, le collectionneur d’art africain Jacques Kerchache mène campagne pour que les arts premiers entrent au Louvre. Il trouve l’oreille de Jacques Chirac qui après élection en 1995 ira plus loin en projetant un musée. Situé dans le 7e arrondissement, à quelques encablures de la Tour Eiffel et conçu par Jean Nouvel, celui-ci est inauguré le 20 juin 2006. Jacques Kerchache, décédé en 2001, donne son nom à un salon de lecture, une médiathèque libre d’accès quand la grande bibliothèque du Musée est elle réservée aux chercheurs.

Au quai Branly, on admire des totems amérindiens, des tambours du Maghreb, des costumes Hmong ou des masques japonais... tant d’œuvres d’art qui ont inspiré et inspirent toujours la bande dessinée. En 2009, déjà, l’exposition temporaire Tarzan ! en rendait compte. Puis en 2018, une autre exposition temporaire, Le Magasin des petits explorateurs, ou comment la culture populaire française a représenté les sociétés d’ailleurs, comportait nombre de revues et albums. Quai Branly - Jacques Chirac était alors mûr pour les cases et bulles.

Au fil des rayons, le premier Batman Manga !
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, Julien Brachhammer

« Le salon de lecture n’a pas vocation à être une bibliothèque de recherche bis », nous confie Pierre-Yves Belfils, responsable des publications du musée. « Pour accompagner l’année de la BD 2020 lancée par le Ministère de la Culture, Lucile Grand, responsable de la médiathèque et Yves le Fur, responsable du département du patrimoine et des collections, nous ont donné carte blanche. »

Ainsi l’équipe du salon de lecture a mis en avant les ouvrages de bandes dessinées des réserves du musée en les complétant : « Avec Mehdi Ameziane, bibliothécaire, nous avons décidé de faire quelque chose d’original, une vraie bédéthèque de plus de 3000 titres, dont une majorité en français et en anglais, mais aussi en hindi, en arabe... Nous avons pris a pris au pied de la lettre l’esprit de cette opération : mettre les auteurs au centre, dans notre cas, des auteurs non occidentaux. Tout cela en observant les foyers d’éditions hors de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Cela a si bien fonctionné que l’Année de la BD passée, nous avons conservé notre bédéthèque. Il est désormais de notre vocation de faire découvrir des auteurs qui ont eu un rôle majeur dans la bande dessinée mondiale. »

Les Komiks philippins en vitrine
© musée du quai Branly - Jacques Chirac, Julien Brachhammer

Ici, le visiteur devient explorateur de la BD-monde, de la Chine à la Côte d’Ivoire en passant par l’Argentine et bien sûr le Japon. « Nous évitons les longues séries qui prennent trop de place », reprend Pierre-Yves Belfils, « en revanche nous avons de multiples versions du "Voyage en Occident" [dit aussi "Le Roi-Singe", NDLR] que nous mettons avant pour accompagner l’exposition "Ultime combat" en balayant le spectre des arts martiaux jusqu’à "Goldorak" dont nous possédons l’intégrale. Nous avons par ailleurs conçu une vitrine Ultima lucha libre, un ultime combat version mexicaine. »

Et pour accéder à ce salon, pas besoin d’un billet pour le musée, l’accès est gratuit par le hall. « Avec en prime une programmation musicale », ajoute Pierre-Yves Belfils. « Nous insistons sur la gratuité, car nous savons que la bande dessinée est un loisir cher qui mérite un accès plus démocratique. »
Jacques Chirac, alias "Bison impétueux" lorsqu’à la fin des années 1940, il était membre du Club des lecteurs de Coq Hardi -la revue de Marijac-, aurait sans doute apprécié de voir arts premiers et bande dessinée convoler ainsi sous sa bannière.

Voir en ligne : Pour une visite de la bédéthèque du Musée du Quai Branly - Jacques Chirac

(par Laurent Melikian)

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