Voilà six mois que l’attaque sur l’île de Peleliu par la Marine américaine a commencée. Une soixantaine de survivants de l’armée japonaise se sont regroupés et tentent de survivre. Chaque soldat a ses propres valeurs, sa propre façon de voir les choses. Seul l’espoir d’une contre-attaque de l’armée impériale les fait encore tenir, et la peur des américains.
A travers le personnage de Tamaru, apprenti mangaka, nous suivons ces soldats perdus et isolés. Qu’est-ce qui les pousse encore à se battre alors que tout est perdu ? A quoi bon tant de souffrances ? Notre mentalité d’occidentaux du XXe siècle ne nous permet pas de comprendre ce qui empêche ces hommes de déposer les armes alors qu’ils vivent dans une peur permanente et qu’ils ne tentent aucune contre-attaque, pas même des actions de guérilla, contre un ennemi qui se révèle sans pitié.
Nous approchons de l’épilogue. Ce qui est très intéressant dans ces tomes, ce sont les parallèles qui sont faits par Takeda Kazuyoshi entre la situation des soldats sur Peleliu, et celle des civils au Japon. Le printemps puis l’été 1945 sont en effet des mois très difficiles où Tokyo est bombardée quotidiennement, sans parler des deux bombes atomiques qui s’abattront en août. Et chaque partie, souffrant des privations et de la faim, imagine l’autre dans la paix. Ironie cruelle pour ces familles et ces soldats qui ont perdu tout contact avec leurs proches.
Arrive alors le 15 août 1945 et la capitulation officielle du Japon. La paix enfin ? Mais comment les soldats de Peleliu pourraient-ils le savoir ? Une partie des soldats américains quittent l’île, ils imaginent que la contre-attaque a commencée et qu’ils doivent se tenir prêt, encore.
Toujours sans concession, le récit tient son lecteur de bout en bout. Décrivant la résistance, l’envie de survivre, envers et contre tout, la résilience face aux épreuves, et la cruauté, souvent, car la guerre n’est jamais « propre ».
Contrairement à ce que nous pourrions croire, il reste encore un album. Car les soldats de Peleliu ont continué à résister, envers et contre tout et surtout oubliés par l’histoire elle-même, sur cette île du Pacifique.
(par Jérôme BLACHON)
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