Les débuts d’un nouveau festival en Suisse romande
On connaît bien BD-Fil, le festival international de la bande dessinée de Lausanne dont la 12e édition aura lieu en septembre prochain. Mais depuis trois ans maintenant, la petite ville de Delémont (12000 habitants) propose aussi son festival.
En effet, une édition 0, une édition « test » en quelque sorte, a eu lieu en mars 2014. Un premier essai concluant comme nous l’explique Philippe Duvanel, le directeur du Delémont’BD : « je suis l’ancien directeur du festival de Lausanne mais on est venu me chercher alors que j’avais décidé de quitter le festival BD-Fil lors de sa dixième édition. C’est vrai que j’ai eu du mal à quitter le monde de la BD, et je me suis engagé dans ce projet. Il y a eu une première édition Delémont’BD en 2015 avec Zep comme invité d’honneur qui a accueilli 8000 visiteurs. »
Cette aventure commence grâce à une exposition réalisée à Sainte Ursanne (une commune non loin de Delémont) autour de l’œuvre de Grzegorz Rosinski. Dessinateur de séries mythiques comme Thorgal (Avec Jean Van Hamme) ou La Complainte des landes perdues (avec Jean Dufaux), Rosinski est un auteur d’origine polonaise vivant en Suisse. Cette exposition va marquer le maire de la ville et celui-ci va proposer l’idée d’un musée dédié aux travaux de Rosinski. Ce projet est toujours d’actualité. Les visiteurs ont pu d’ailleurs découvrir l’exposition Envoûtantes chimères de Milo Manara et l’exposition Héro(ïne)s à LaBD.ch, futur centre de la bande dessinée. Il ouvrirait dans le courant du printemps 2017 et comporterait donc une exposition permanente autour de l’œuvre de Rosinski.
Des auteurs de différents horizons
Delémont’BD accueillait 40 auteurs dont Milo Manara, Grand Trissou de cette édition. Mais ce n’est pas pour rien qu’il s’agit Des rencontres suisses et internationales de la bande dessinée. En effet les auteurs présents, aussi bien pour des séances de dédicaces que pour des rencontres,des performances ou des concerts, venaient de Suisse, de France, de Belgique, de Québec, d’Italie ou d’Argentine. « 50% des auteurs sont Suisses, on veut défendre clairement le local, il y a donc les auteurs du cru, des auteurs de la Suisse romande et alémanique, et puis il y a aussi des auteurs venant d’autres pays. Le but c’est d’avoir une ouverture locale, régionale et internationale » confie Philippe Duvanel.
Une ambiance festive
Bien que la météo n’ait pas été des plus clémentes ce week-end, les visiteurs comme les auteurs ont été accueillis avec chaleur et enthousiasme par les 150 bénévoles du festival. C’est donc dans une ambiance chaleureuse et festive que s’est déroulé Delémont’BD. Philippe Duvanel confirme : « On n’est pas dans un propos uniquement pédagogique ou muséal. On est aussi dans l’esprit d’une fête autour de la BD ». Des concerts ont été organisés dans la cour du château les soirées du vendredi et samedi avec, par exemple, des groupes suisses comme la Compagnie C.A.B.A.R.T ou Le Kolonel Moutarde.
Le concert Melvile, adapté des Chroniques de Melvile aux éditions du Lombard, a emmené ses spectateurs dans cette ville à l’atmosphère étrange, poétique et fantasmagorique. C’est l’auteur de cette série Romain Renard (texte, chanson et guitare) ainsi que Jean-Christophe Carrière (guitare) qui ont invité le public à devenir pendant quelques temps des habitants de Melvile grâce à cette réinterprétation en textes, chansons et images de la BD. Il est possible de (re-)découvrir cette ville grâce à son développement interactif
Les temps forts du festival
Avec un maître de l’érotisme comme invité d’honneur, il était impossible de faire l’impasse sur la représentation sensuelle des corps. Des performances dessinées sur le thème du nu ont donc été programmées le samedi après-midi. Il y eut celle de Marini (Le Scorpion, Dargaud), Daniela Di Matteo (Les aventuriers de la mer, Soleil) et Théo (Le Trône d’argile, Delcourt), puis celle de Lika Nüssli et du musicien Enrico Lenzin.
On peut également citer d’autres belles performances comme Tempête de Mathilde Domecq (Paola Crusoé, Glénat) et les musiciens Wojtek Balda (clarinette) et Marcello Busato (Percussions). Ils nous ont raconté l’histoire d’un oisillon emporté par un orage... Tout en noir et rouge, ils nous font entrer avec élégance et simplicité dans un univers plein de malice et de tendresse.
D’autres performances comme celle de Grzegorz Rosinki ou de Mara (Clues, Akiléos) étaient particulièrement attendus. Tom Tirabosco (Wonderland, Atrabile) a entraîné ses spectateurs dans un univers onirique, suave et coloré.
Des ateliers comme comme celui des cartes à gratter à l’exposition Hannes Binder ou des cours de dessins avec Nix (Kinky et Cosy, Le Lombard) étaient proposés. Nix a en effet enseigné avec humour l’art du strip au travers de ses personnages et son univers déjantés. Des activités où les plus jeunes comme les adultes ont pu participer.
Le cinéma de Delémont n’était pas en reste durant ces festivités. Il a diffusé des documentaires, comme par exemple ceux de la collection Phylactère sur des œuvres d’auteures de bandes dessinées ; des films comme Le Déclic, adaptation de la BD de Manara par Jean-Louis Richard ; ou enfin des dessins animés et films d’animation comme Avril et le Monde truqué tiré de l’univers de Jacques Tardi.
Diverses expositions ont été également proposées aux visiteurs (voir l’article en lien).
L’édition 2017
Philippe Duvanel nous a révélé qu’il y aurait bien une troisième édition du Delémont’BD l’année prochaine. Un festival qui aura lieu du 9 au 11 juin 2017. Il est bien évidemment trop tôt pour connaître le nom du prochain Grand Trissou mais nous suivrons les actualités de ce festival avec attention.
(par Morgane Aubert)
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