Pas simple d’oublier les figures légendaires de Marlon Brando et Karl Malden. Le dessin de Van Linthout réussit d’ailleurs un joli compromis entre les acteurs et une réinterprétation graphique. Des visages qui nous rappellent ces stars, mais qui sont différents aussi.
L’histoire, vous la connaissez, forcément. Un paumé qui aurait pu devenir boxeur a dû abandonner face à la dure loi du business sportif. Un prêtre pas idéaliste qui décide un jour de se confronter à la réalité des quais. Avec ce recrutement quotidien au petit matin à la tête du client, surtout si le syndicat a donné son feu vert. Justement, Terry, notre ex-boxeur, est lié au truand qui tire les ficelles, via son frère. Et un jour, sous l’influence de l’homme d’église et d’une jeune institutrice, il veut changer la donne.
On pourra dresser fiévreusement une liste d’adjectifs pour vanter les qualités dramatiques du récit de Schulberg, pour tenter de renouveler l’évocation de son talent. Mais vous savez comme moi que l’histoire a donné au roman Sur les quais la place qu’il méritait dans le monde du Noir.
La mise en image du duo de la collection Rivages/Casterman/Noir, utilisant un noir et blanc plein de gris poisseux et froid, emmène le lecteur sur les pas de ces personnages pleins d’idéaux nobles mais englués dans une réalité plombée.
Un incontournable, sans aucun doute, et une belle façon d’entrer dans cette collection prometteuse.
(par David TAUGIS)
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