Teddy est un agent spécial d’une organisation gouvernementale futuriste chargée de corriger et éliminer des bugs temporels, incursion d’anachronismes à différentes époques sous forme d’objet et d’êtres vivants. Un phénomène dangereux pouvant mener à la destruction du monde et initié par de mystérieux terroristes répondant sous le terme de "forgeurs".
Femme forte et indépendante prenant à cœur sa mission, un grand chamboulement vient bouleverser son existence lorsqu’elle tombe nez à nez avec l’apparition de la première anomalie à forme humaine, une jeune fille à la beauté envoûtante et aux cheveux violets dont elle tombe immédiatement amoureuse.
Prenant la fuite en compagnie de cette étrange apparition, Teddy et Ano s’embarquent dès lors dans une aventure où leurs sentiments se développent alors que le monde entier s’oppose et condamne un amour jugé comme étant une aberration. Le plus important des combats débute pour Teddy, celui où elle va devoir faire face à l’opinion d’autrui et à l’intolérance...
À l’image de ce que l’on a pu constater avec les titres de lancement de la nouvelle collection Glénat Comics, l’éditeur s’arme une nouvelle fois d’un titre singulier mettant au premier plan des personnages féminins charismatiques et doté d’un propos engagé, à l’image du récent Sex Criminals de Matt Fraction et Chip Zdarsky.
Dans le contexte d’un récit d’aventure et de science-fiction qui parvient à intriguer et à tenir en haleine à la suite de quelques révélations surprenantes, les deux Français cherchent en premier lieu à développer une relation homosexuelle perçue comme étant contre-nature et à dénoncer la violence verbale et physique que cela suscite. Le sujet est traité avec beaucoup de sensibilité et pourra par moment rappeler les œuvres de Terry Moore, on pense notamment dans le cas présent au travail qui le définit le mieux à ce jour, Strangers in Paradise.
Elsa Charretier nous livre de superbes planches. Son trait fin et élégant ainsi que la colorisation qui offre un rendu très lumineux rappellent à bien des égards les styles d’un Bruce Timm ou d’un Darwin Cooke. Beaucoup de sensualité et de charme se dégagent des contours tout en courbes des personnages, alors qu’en parallèle, lorsqu’il s’agit d’embrasser le côté plus SF du titre, la thématique des voyages temporels donnent lieu à des pages empruntes d’une douce folie dans leur composition, que ce soit en jouant avec l’idée d’effondrement et de restructuration de l’espace et du temps ou bien en mettant en scène la psyché éclatée de l’héroïne dans des passages introspectifs où ses différentes facettes s’entrechoquent.
Un ouvrage qui se veut être l’une des meilleurs surprises de cette période estivale et qui s’accompagne d’une édition particulièrement soignée qui offre un complément bienvenue à l’issue de notre lecture.
Aux pages bonus classiques accueillant divers croquis préparatoires et une galerie de couverture, nous retrouvons pour aller un peu plus loin dans la découverte de The Infinite Loop, un dossier riche en terme d’informations sur l’histoire de la représentation de l’homosexualité dans les comics signé par Katchoo, rédactrice du blog The Lesbian Geek, ainsi que d’un décryptage case par case d’une partie du premier épisode. On aurait tort de se priver !
(par Marco ZANINI)
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