Varsovie Varsovie, c’est d’abord la vie dans le ghetto de Varsovie entre 1939 et 1943, jusqu’à sa « liquidation ». Ensuite, c’est l’histoire remarquable d’Emmanuel Ringelblum qui entreprit, seul d’abord puis au sein d’un collectif nommé Oyneg Shabbos (« la joie du Shabbat » en yiddish), la rédaction d’un journal collectif, véritable arme de résistance pour faire connaître la vérité de ce qu’ils vivaient dans le ghetto.
Il était en effet évident pour les membres de cette organisation qu’aucun Juif n’en sortirait vivant. Ils ont donc cherché à faire connaître leur histoire en créant trois caches où ils allaient enterrer leurs « mémoires » dans des bidons de lait et des boites en fer. À ce jour, seules deux de ces caches ont été retrouvées, en 1946 et 1950, totalisant près de 30 000 pages de documents, regroupés en 1669 dossiers. En 1999, ces documents dits « Archives Ringelblum » sont classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
L’album de Didier Zuili est l’histoire, romancée, d’un retour : 75 ans après la fin du ghetto, Yentl Perlmann, rescapée devenue enseignante d’Histoire à la retraite, revient en Pologne dans un collège de Varsovie pour aller à la rencontre des jeunes générations et témoigner. Elle y raconte l’histoire du journal du jeune Jonasz Heller, coursier dans le ghetto qui, après avoir sauvé de la mort la jeune Yentl Perlmann, décide d’entrer dans la résistance.
D’abord publié en 2017 aux éditions Marabulles, une publication dont nous nous étions fait l’écho sur ActuaBD, l’album était indisponible depuis près d’un an. Il restait pourtant en stock 2 000 exemplaires qui devaient être pilonnés. C’est malheureusement assez classique dans l’édition. Ce qui l’est moins, c’est que grâce à un principe de pré-achat mis en place par Didier Zuili, les ouvrages ont été sauvés et vendus, et l’auteur a récupéré, par la même occasion, les droits sur l’album. Il a alors cherché un nouvel éditeur et il a eu la chance de rencontrer les éditions Liliane Marouani, au départ spécialisée dans l’édition de jeux pédagogiques, qui ont décidé de tenter le pari de la réédition. Pour l’occasion, outre une nouvelle couverture, l’auteur a enrichi son récit de trois nouvelles planches.
La maison d’édition envisage également des coéditions avec des éditeurs étrangers : une version polonaise, une version allemande, ainsi qu’une version yiddish ! Pour Didier Zuili, depuis le départ de ce projet, il était très important d’éditer son album dans la langue que parlaient les habitants du ghetto, ce qui n’avait pas pu se faire avec l’ancien éditeur. Cela se fera donc avec le nouveau.
Enfin, parmi les autres projets en cours, sortira en octobre 2020 un cahier pédagogique, autour de Varsovie, Varsovie réalisé par un doctorant en Histoire, Nicolas Laugel. Ce document permettra aux enseignants d’utiliser cet album comme outil pour les élèves, autour de très nombreuses entrées thématiques développées dans la bande dessinée.
Espérons que ce nouveau départ sera le début d’une reconnaissance éditoriale et publique méritée. Les contraintes du confinement n’ont pas permis à l’éditeur de solliciter un diffuseur. Pour le moment, il faut donc lui écrire directement à l’adresse ci-dessous. La poste marche un peu partout heureusement.
(par Jérôme BLACHON)
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