Pierre vit seul dans un EHPAD, et sa mémoire lui joue des tours. C’est pourquoi, quand il reçoit une mystérieuse lettre d’une certaine Flavie l’invitant à se souvenir du passé « derrière la colline », il lui est impossible de comprendre de quoi il ressort : est-ce un amour de jeunesse qui ressurgit ? Bien décidé à retrouver cette jeune femme, Pierre parvient à s’échapper de l’établissement. Mais est-ce bien souhaitable ?
À travers la quête de Pierre, l’ouvrage aborde les questions de la dépendance, de la mémoire, et des relations familiales bousculées par l’inéluctable avancée du temps.
Financée via la plate-forme Ulule, cette bande dessinée a une généalogie relativement ancienne puisque son scénario trouve ses premières bribes au début des années 2000, quand son auteur, Mikaël Mignet, plutôt porté sur la caméra et qui se présente comme script doctor, travaille sur un court-métrage. Le projet est ensuite mis en sommeil puis ressurgit près de 15 ans plus tard, après quelques visites dans des EHPAD et des Cantou, sortes de maisons de retraite médicalisées pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Au dessin et à la couleur, Ulric, qui publie habituellement aux éditions Jarjille, plante un décor breton gris et pluvieux, au pied du Menez Hom. Une ambiance assez triste, renforcée par d’énigmatiques flash-back couleur sépia, qui rappellent de vieilles photographies.
On trouve en fin d’ouvrage un dossier documentaire qui retrace la genèse de cette aventure et qui bouscule quelques lieux communs sur le vieillissement et l’amour au temps du 3e voire du 4e âge.
(par Damien Boone)
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