Ça n’arrête pas sur Catawiki. En pleine crise sanitaire, la BD garde ses couleurs. Elle fait l’objet d’une dizaine de ventes par semaines chez l’enchérisseur en ligne ventilée en « Comics », « Hergé/Tintin », « Ventes prestige », avec des volets spécialisés touchant les marchés belges, hollandais, italiens. Une vraie BD européenne !
Régulièrement, des collections particulières et des fonds de commerce de BD ancienne passent par l’intermédiaire du leader de la vente de BD en ligne, d’où une dizaine de vacations par semaine avec des vraies affaires à faire, tant pour les vendeurs que pour les acheteurs. La vente de dimanche dernier comptait 91 lots pour un chiffre d’affaires de plus de 100 000 € (86% des lots ont été vendus, 75% au-delà du prix de réserve).
La tête de gondole de cette vente était sans conteste la Fusée Tintin de 114cm de 1986 du designer Michel Aroutcheff. Né en 1946, Michel Aroutcheff se met à travailler au début des années 1980 pour la société de jouets de bois Vilac dont il refond complètement le catalogue, le plaçant sur un positionnement haut de gamme empreint de nostalgie avec un packaging valorisant. Ses modèles de voitures des années 1930 dont la fameuse Citroën Trèfle 5 HP Vilac peints en bois laqué ont marqué les collectionneurs. Un modèle commercial copieusement imité ensuite.
En 1986, Aroutcheff se met à son compte et installe son entreprise en Haute-Savoie, à Usinens. C’est là qu’il a l’idée de créer des objets issus d’univers de bande dessinée. Il signe avec Moulinsart et lance coup sur coup le fameux hydravion jaune des 7 Boules de cristal et surtout la mythiqe fusée à damier rouge d’On a marché sur la Lune. C’est un succès fulgurant qui lance le marché du para-BD en France. Aroutcheff crée une trentaine de modèles différents issus des albums d’Hergé : voitures, avions, bateaux, fusées… Tout cela jusqu’à ce qu’en 1995, le bien connu Nick Rodwell, l’époux de l’ayant droits d’Hergé, décide de mettre fin aux contrats de licences en cours et de tout faire produire par Moulinsart. Les nouvelles productions n’auront pas la même ligne, parfaitement profilée, ni le même impact que les créations de Michel Aroutcheff.
Tintin sur orbite
La fameuse fusée Tintin de 114cm que l’on voit dans cette vacation a été reproduite à seulement 738 exemplaires. Elle est en bois laqué et métal d’une soigneuse finition. La fusée vendue dimanche n’avait pas conservé l’emballage mais portait son étiquette d’origine signée Aroutcheff. Elle est partie à 3100€ hors frais [1]. Parmi les autres objets culte de Tintin, il y avait ce grand tapis Axis du Lotus bleu de 1984 de format 165 x 230 cm estimé entre 550 et 700€ parti à 1501€ . Une autre sculpture produite par Aroutcheff, un Tintin à moto de 1996 issu du Sceptre d’Ottokar est partir au-delà de 1300€.
C’est qu’Hergé et Tintin continuent d’avoir la cote. Dans la même vacation, il y avait deux albums en noir et blanc du Sceptre d’Ottokar. La première édition de 1939 avec ses quatre hors texte couleurs est partie à 4500€, mais elle a été coiffée au poteau par une deuxième édition « grande image » de 1942 avec sa couverture restée inédite depuis estimée à 6500€ qui, elle, s’est arrachée à 8500€ ! On a vu également passer un Tintin au Pays des Soviets de 1930, un des 500 exemplaires signés « Tintin et Milou » à 16500€ !
De bonnes affaires à faire
Cela dit, si les objets partent à des prix étonnants, comme cette plaque émaillée de L’Énigme de l’Atlantide d’Edgar P. Jacobs de 80 x 60cm et de 9kg produite par L’Émaillerie belge en 2009 partie au prix marteau de 1950€, les albums ne sont pas en reste comme en témoigne cette édition originale du Jeune Albert d’Yves Chaland de 1985 avec sa dédicace non nominative accompagnée d’un ex-libris de 200 ex. signé édité par la librairie « La Marque jaune » ; elle est partie à… 850€ !
Parmi les originaux mis en vente, on remarque une planche de Scorpion de Marini qui s’est vendue à 8000€ ou encore un dessin original de format 600 x 116 cm de Frank Pé réalisé dans un Drawing Show à Vaison la Romaine partie également à 8000€, des prix « galerie » !
Ce qui n’a pas empêché de faire des affaires : une planche de Bob de Moor (M. Tric) à 600€, une planche de Star Wars par Olivier Vatine à 600€ ou un strip d’Edmond-François Calvo à 350€.
Un joli cocktail de passions qui montre que, même en période de crise, on a encore besoin de rêver !
Voir en ligne : REVOIR LES RESULTATS DE LA VENTE PRESTIGE DU 16 JUIN 2030
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[1] Tous les prix indiqués dans l’article sont des « prix marteau » soit hors frais.
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