Vera est de retour en France. Elle vient de passer plusieurs mois en Afrique comme infirmière de la Croix Rouge. Envoyée dans la région des grands lacs, elle a été confrontée à l’un des plus grands génocides du XXe siècle, celui du Rwanda, où plus de 800.000 personnes furent massacrées en quelques semaines. Epuisée, Vera rentre à Paris alors qu’elle vient d’apprendre le décès de son père, Jakob Mikaïlov, un violoniste Tzigane renommé.
C’est en se rendant sur la tombe de celui-ci que Vera rencontre un vieux Tzigane qui connaissait Jakob. Il propose à la jeune femme de venir le voir chez lui. En se rendant à son campement en banlieue parisienne, Vera apprend l’existence d’un frère jumeau, Kolya : lors de leur naissance en Moldavie, leurs mains étaient collées l’une à l’autre et le médecin dut amputer partiellement celle de Kolya pour qu’ils survivent, sans réussir à sauver leur mère. Jakob ayant la possibilité de venir jouer du violon en France, il partira avec Vera en laissant Kolya derrière lui, sa santé ne lui permettant pas de voyager.
Kolya et les siens furent par la suite exilés en Asie centrale laissant son père persuadé de sa mort. Véra connaît maintenant la véritable origine de sa cicatrice. Mais en fouillant dans les affaires de son père, elle trouve une lettre envoyée huit ans plus tôt de Polynésie : un certain Jean-René Isnard annonce la venue de Kolya en Europe ! Il était alors vivant et son père le savait !
Vera décide d’embarquer immédiatement pour Papeete afin de retrouver les traces de son frèr
(par Patrick Albray)
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Un récit magnifique, très émouvant, et qui aborde avec intelligence des thèmes difficiles. Le début, qui traite de l’innommable, les charniers, les enfants agonisants qu’on ne parvient pas à sauver malgré des heures d’efforts, est particulièrement dur à encaisser. Le reste de l’histoire joue sur d’autres émotions, plus nostalgiques, mais il est surtout brillamment raconté, grâce à la force, à la crédibilité et à l’humanité des personnages qui en constituent la trame. Une quête passionnante, qui mériterait parfois un peu plus de sobriété et de légèreté dans le trait, et surtout, des couleurs plus naturelles : l’outil ordinateur marque trop sa présence dans les coloris alors qu’il devrait se faire oublier.