Alors en résidence d’artiste à Vitrolles, Edmond Baudoin découvre ce train longeant la Côte Bleue. Presque quinze ans plus tard paraît cet album au format à l’italienne, composé de pleines pages dessinées pendant le voyage de l’artiste, trajet entrecoupé de haltes diverses, mêlant paysages encore préservés et sites dénaturés et pollués par l’activité industrielle, croquant divers personnages rencontrés au hasard des arrêts.
Baudoin ne serait pas l’artiste que nous connaissons sans les réflexions bien senties sur le peu de considération souvent accordée à la nature, ou sans des déclarations touchantes (« J’aime bien les tags, le grafs... ça fait vivre le béton »). La Côté Bleue semble être un microcosme représentatif de l’état de nos priorités en tant que société : la beauté de la nature, conservée plus ou moins volontairement, s’oppose à tant d’endroits où l’industrialisation salit pour longtemps et offre un cadre de vie bien peu propice au développement de chacun.
Mine de rien, ce Petit Train de la Côte Bleue contient une bonne partie de la vision du monde que distille Edmond au fil de ses albums, et ce depuis un quart de siècle. Son trait toujours assuré et évocateur continue à nous enchanter et à nous faire réfléchir, et la richesse visuelle de ses planches nous semble contrebalancer la consternation que ressent souvent l’auteur face à l’œuvre de l’Homme.
(par François Peneaud)
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