Ce deuxième ouvrage de Paul Hornschemeier arrive en France un an après Adieu Maman, paru chez le même éditeur. Cette fois, il ne s’agit plus d’un récit complet mais d’une succession d’histoires assez courtes d’une incroyable diversité. L’auteur prend un malin plaisir à jouer avec les codes narratifs de la BD, à surprendre le lecteur. Il fait même son auto-critique au détour d’un petit texte joyeusement vachard. Passant d’un conte animalier muet à un gag en une planche, Hornschemeier offre une très large palette de ses talents. À se demander si on ne lit pas un recueil de plusieurs auteurs.
Son dessin subit des mues successives, tout en restant constamment clair et précis, avec des couleurs vives qui plongent les personnages dans des mondes décalés et proches de de l’onirisme.
Si la majorité des récits conjuguent habilement surréalisme et quotidien, Hornschemeier surprend parfois en choisissant le réalisme, notamment dans la dernière histoire, les retrouvailles de deux cousins. C’est la dernière planche qui nous révèle leur vrai point commun, et cela fait froid dans le dos.
Devant tant de styles et d’inspirations différents, le lecteur a parfois du mal à suivre. En outre, Hornschemeier aime échapper à ses trames narratives, pour s’attacher à des détails surprenants. Mais on est souvent touché par sa sensibilité et sa grande finesse pour décrire les situations de détresse, de déprime. Les quelques planches mettant en scène des couples en ruptures figurent parmi les plus réussies. En cela, il se situe dans la lignée de Chris Ware, voire de Seth et tous les auteurs intimistes américains.
Un vrai auteur, certes pas toujours très accessible, mais foncièrement novateur.
(par David TAUGIS)
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