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Les fac-similés des éditions originales d’Hergé contestées

Par Patrick Albray le 1er mars 2003                      Lien  
Un vent de contestation souffle chez les Tintinologues à propos des fac-similés (beaux mais coûteux) des éditions originales des albums deTintin... qui ne seraient pas ceux des éditions originales. Le spécialiste de Tintin chez Casterman confirme. Et explique.

Depuis plusieurs années, les Editions Casterman ont la bonne idée de proposer des fac-similés des éditions originales des albums de Tintin. Hergé, en effet, a plusieurs fois retravaillé ses livres, et les premières éditions ne sont désormais accessibles qu’aux collectionneurs fortunés. De plus, les éditions récentes sont de moins bonne qualité, à la fois à cause de la reliure, plus fragile, et du papier plus fin.

Les fac-similés des éditions originales sont donc une aubaine pour ceux qui veulent retrouver le plaisir des beaux livres sur papier épais, avec une reliure toilée et cousue, prête à résister à des décennies de relecture. Cette qualité a un prix : ces livres sont chers.

Un prix élevé qui ajoute encore à l’énervement de spécialistes d’Hergé, qui se sont aperçus que ces livres, présentés comme des copies conformes des éditions originales, ne l’étaient pas du tout.

"Pour "L’Ile noire", la première édition en novembre 96 du fac-similé affiche le surtitre "les aventures de Tintin" centré sur deux lignes entre deux étoiles", explique l’un d’eux, "alors que dans l’édition originale de 43, ce surtitre est sur une ligne et sur toute la largeur de la couverture. L’erreur avait échappé à tout le monde...jusqu’à ce qu’un visiteur de la Fondation Hergé la repère. La diffusion de cet album fut stoppée en catastrophe et le même mois, le vrai fac simile fut réimprimé et mis en librairie."

Et de citer encore, dans "L’Oreille Cassée" (1943), un feuillage coin supérieur gauche redessiné sur la couverture, dans "Le Secret de la Licorne" (1944), page 60, case 1.1 une faute de conjugaison ("N’oubliez pas de regardez...") corrigée, et dans celui qui vient de sortir, "Coke en Stock" (1958) : page 47, case 2.1 le texte : "Espèces de coloquintes à la graisse d’anthracite !..." remplacé par "Espèces de coloquintes à la graisse de hérisson !...", comme dans les éditions récentes.

Etienne Pollet, spécialiste d’Hergé chez Casterman et responsable des collections Hergé, accepte ces remarques.

"Sous réserve de vérification "ultime", ce sont certainement les lecteurs spécialistes qui ont raison", nous dit-il. "Parce que la publication en fac-similé est faite avec le plus grand soin possible mais que les pièges sont nombreux. Il faut savoir que les films d’époque n’existent plus. La règle ayant été que tout film corrigé (p.ex. orthographe, dessin...) devait être détruit pour éviter de les reprendre par inadvertance. Sage précaution qui nous force à apporter dans les films (fichiers numériques) actuels les corrections décelées par comparaison d’un album actuel avec une première édition. Or les différences de détails, surtout, et même des modifications de dessins, passent souvent le filtre d’une ou deux lectures attentives. C’est un travail important, le nombre d’interventions dans un album étant de l’ordre de plusieurs dizaines. Et parfois c’est un point de suspension de trop, ou une onomatopée légèrement modifiée.

La remarque pour le titre de l’île Noire est tout à fait exacte. Erreur ultime au montage. Le texte a été pris sur l’exemplaire de référence pour la qualité (chromatique) d’impression (album ultérieur) et non sur l’album de première édition (textes en capitale maigres).

La plupart des couvertures doivent être reconstituées "à la main" sur ordinateur. Le dessin des premières couvertures n’existe plus à la Fondation. Les couvertures "suivantes" (actuelles) ont un bandeau de titraille plus large (une ligne de plus) qui occulte le dessin d’origine. Il faut reconstituer ce dernier sur base d’une édition originale pour laquelle on ne peut extraire le trait de la couleur, au scanner ou caméra. C’est donc fait à la main, sur écran, avec quelques imprécisions.

Les remarques des lecteurs sont donc bienvenues. Je les sollicite, même, pour pouvoir corriger à l’occasion d’une réimpression. Du moins si ca vaut la peine car je n’ai pas pour objectif de faire des "faux" mais bien des "beaux"."

(par Patrick Albray)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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