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Les planches des « Quatre Fils Aymon », le chef d’œuvre de Jacques Laudy en vente sur Catawiki

Par le 2 juin 2022                      Lien  
Jacques Laudy, vous le connaissez, au moins visuellement. Mais si : dans le duo Blake et Mortimer, le Captain Blake, c’est son portrait, yeux bleus perçants, fine moustache blonde, l’élégance naturelle. Le fils de Jean Laudy, portraitiste officiel de la Cour de Belgique, était un peintre avant tout, un dessinateur formé à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il faisait partie du quatuor d’artistes qui entouraient Hergé lors de la fondation du Journal Tintin en 1946 : Edgar P. Jacobs, Paul Cuvelier et… Jacques Van Melkebeke, le « clandestin » du journal qui en assurait la rédaction en chef.
UN PUBLIRÉDACTIONNEL DE Les planches des « Quatre Fils Aymon », le chef d'œuvre de Jacques Laudy en vente sur Catawiki

On le sait, Hergé qui avait fait une formation de photographe-retoucheur, s’était formé sur le tas, comme tant de dessinateurs de bande dessinée. Jacques Laudy (1907-1993), comme Edgar P. Jacobs, comme Jacques Van Melkebeke, sortait de l’académie des Beaux-Arts. Il avait eu comme professeur le peintre symboliste Constant Montald qui plus tard enseigna à Magritte et à Delvaux.

Mais c’est dans la maison familiale du Tomberg à Woluwe-Saint-Lambert qu’il faisait son véritable écolage sous l’œil attendri de sa mère, peintre et aquarelliste elle aussi et des amis de son père le peintre symboliste Jean Delville, l’expressionniste Anto Carte ou encore le mystique Louis Buisseret.

C’est l’illustrateur Jean Dratz, un autre ami de son père (et grande influence sur Maurice Tillieux), qui l’introduit dans Bravo, l’hebdomadaire pour la jeunesse de Jean Meuwissen créé avant la guerre dans sa version flamande et qui paraît opportunément en français en pleine guerre. Laudy n’ayant plus de ressources à cause de l’occupation, rejoint l’équipe où il retrouve son ami James Thiriar, dont la mère est écossaise, et comme lui grand amateur d’uniformes et d’armures. Dans la foulée, il recommande au rédacteur en chef, un dessinateur-baryton au chômage, un certain Edgar Jacobs…

C’est son autre condisciple, Jacques Van Melkebeke qui le présente à Hergé, lequel, la chose est connue, introduit aussi Edgar Jacobs auprès du chef de file de la Ligne claire. Ensemble, ils fondent le Journal Tintin. Hergé dessine une histoire d’aventures contemporaines : Le Temple du Soleil, Jacobs une uchronie, Le Secret de l’Espadon, tandis qu’il illustre le classique de la SF La Guerre des Mondes de H.G. Wells, le jeune Paul Cuvelier, engagé par Hergé, envoie Corentin Feldoë dans les Indes du XVIIIe siècle, tandis que Jacques Laudy assure l’ancrage national de l’hebdomadaire en animant La Légende des Quatre Fils Aymon.

Cette chanson de geste du XIIIe siècle met en scène quatre preux nommés Aalard, Renaud, Richard et Guichard, fils du comte Aymon de Dordone, de même que le narrateur Renaud de Montauban et surtout l’enchanteur et voleur Maugis, et le cheval-fée Bayard. Un récit plein de fureur où le quarteron de preux affronte l’empereur Charlemagne en personne. Une histoire virile que Laudy illustre avec une mâle autorité lui qui connaît, comme collectionneur, sur le bout des doigts les armes du Moyen-Âge. Laudy s’inscrit dans la plus pure tradition des peintres d’histoire comme le peintre belge archaïsant Hendrik Leys (1815-1869), élève de Delacroix, qui dessinait de cette manière.

Plusieurs remarques sur cet ensemble exceptionnel dont chaque planche est vendue avec un album des Quatre Fils Aymon qui réunit la totalité des planches en fac-simile. Le texte est en flamand car Jacques Laudy, en parfait bilingue (son père était né à Venloo, dans le Limbourg hollandais), lettrait lui-même les textes qu’il rédigeait dans les deux langues et qui étaient ensuite relettrés en français sur des calques. Le calque avec le texte français est joint à la planche originale en flamand.

Les premières planches sont au lavis, de magnifiques teintes toutes en délicatesse, les suivantes au trait. Cela est dû au fait que le système de reprogravure a changé en cours de route : à l’exemple de ses travaux pour le journal Bravo, l’impression des premiers numéros du Journal Tintin était faite en héliogravure, un procédé d’impression en creux qui permet une grande subtilité dans les demi-teintes. On l’utilise par exemple pour les livres d’art pour la photo.

Mais très vite on se rend compte du surcoût : pour faire des albums, imprimés eux en offset, il faut refaire la photogravure. C’est le cas pour les albums de Tintin dont les couleurs sont alors faites deux fois ! C’est le cas aussi pour les premières pages de l’Espadon de Jacobs, dessinés à la mine de plomb et que Jacobs est prié de refaire au trait pour l’album. Dès lors, on demande à Laudy -très agacé par ces changements- de dessiner au trait et d’opérer des indications de grisé au crayon bleu, lesquels grisés sont opérés par des chromistes.

On admirera cependant la qualité de ce chef d’œuvre méconnu, ses scènes de batailles épiques, le soin et l’exactitude des armes et des armures, et plus généralement une évocation du Moyen-âge que l’on a rarement revue aussi puissante depuis.

Tout collectionneur bien né devrait avoir une planche de Laudy à son mur !

UN PUBLIRÉDACTIONNEL DE JPEG

Voir en ligne : Les ventes Jacques Laudy sur Catawiki

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✏️ Jacques Laudy
 
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