D’un côté, le Nantes d’aujourd’hui, et un SDF (Lucien) qui va d’un porche à l’autre. De l’autre, l’île de Gorée, au XVIIIe siècle.
Deux histoires avec la misère en toile de fond. Quel point commun entre ces deux réalités ? Peut-être un rituel vaudou qui, à travers une marque tatouée sur le corps, scelle un destin... Pour Lucien, la chance semble sourire avec un vieux monsieur qui offre l’asile et une voisine au charme bienveillant. En revanche, son bienfaiteur paraît menacé, guetté sans cesse par un sombre individu aux airs de marin patibulaire, également serveur dans un bar. Il porte un signe sur son bras, le même que celui gravé sur le front d’un esclave, loin dans le passé...
Récit muet passant d’une époque à l’autre, Prison d’ébène possède le genre d’atmosphère pesante qui empoigne le lecteur dans ses planches. A la fois très romanesque avec une trame contemporaine, mais aussi fantastique avec ses aspects ésotériques, l’album oblige à une vraie réflexion. Le relire ne sera pas inutile pour relier les fils, pour retrouver les images qui font la transition. Et même si au fond ce roman graphique évoque des formes de soumission et de solidarité, questionnant les pulsions humaines, il laisse beaucoup de place à nos propres interprétations.
(par David TAUGIS)
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