En parodiant les icônes du comics, Jon Adams met en scène des personnages sans talent particulier ni physique avantageux, qui étalent sans scrupule leurs misères sexuelle, affective, et plus globalement humaine.
Il illustre ce qui semble constituer le quotidien de cette Amérique urbaine : humiliations pour jouir d’un petit moment de supériorité, dialogues saupoudrés de contradicteurs zélés, justiciers de pacotille ou marchandage d’affection.
Représentés de façon figée dans des strips identiques de trois cases comme pour accentuer l’ennui et la répétition du quotidien, les anti-héros semblent insensibles à la violence de leurs propos, avant tout préoccupés par leur bien-être et leur confort à court terme.
On est parfois un peu décontenancé face à un humour si froid qu’il nous prend de court, si bien qu’il arrive de tourner la page en se demandant si la chute est déjà arrivée... avant de réaliser la portée de l’humour glacial qui transpire de ces pages. Cela donne aux personnages une dimension délicieusement pathétique, qui fait peut-être écho à des turpitudes qui ne sont pas forcément propres au contexte américain ici dépeint.
(par Damien Boone)
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