La manifestation repose sur un trio exceptionnel : Michel Fraisset d’abord, ardent bretteur de l’action culturelle, toujours bronzé et élégant, qui a le sens de l’accueil des auteurs : il leur envoie une cohorte de tractions-avant conduite par des collectionneurs de vieux tacots et il ne leur impose rien : c’est eux-mêmes qui inscrivent leur séances de dédicace au programme, ce n’est ni les éditeurs, ni les libraires.
La participation des auteurs est conséquente : il y a des débats, des visites guidées, des inaugurations, plus de cinquante célébrités du dessin sont présentes... mais là n’est pas l’important : ce qui compte, c’est la rencontre.
D’où une programmation concoctée de main de maître, et de concert avec Fraisset depuis dix ans, par Serge Darpeix. Une tête brûlée par le soleil qui, au bout de plusieurs semaines de préparation du festival où les nuits sont courtes, vous a l’air d’un diable tout droit sorti de l’enfer. Mais la voix est assurée et les convictions chevillées. L’œil de Darpeix,c’est bien connu, est celui d’un véritable amateur de graphisme. Il dit volontiers que la BD n’est pas sa culture première. Mais il est pour le désenclavement.
Les Rencontres d’Aix sont avant tout des rencontres entre tous les arts graphiques : le dessinateur de BD-peintre-accordeur flamand de piano Herr Seele qui vient de publier un album chez les confidentielles éditions FRMK, le Paganini de la chose imprimée pétri d’Art-Déco Blex Bolex qui accompagne depuis longtemps les éditions Cornélius, le jeune prodige allemand Christoph Mueller adoubé par Crumb et dont Chris Ware salue l’accomplissement graphique, 30 boutiques illustrées par Laurent Lolmède dans toute la ville, un concert du Berlinois Jim Avignon... C’est le brassage permanent !
Les rencontres se font aussi avec la science, au Muséum, avec la collection Métamorphose ; avec l’histoire, au Musée des Archives départementales où la France rencontre le Liban de Zeina Abirached et Michèle Standjofski, avec la littérature grâce à Albert Camus et Jacques Ferrandez.
On est épaté par ce que ce festival, au budget modeste, offre comme créativité, sans prétention ni volonté d’imposer ses goûts et qui tient aussi grâce à l’action d’une femme solide : sa coordinatrice générale Tania Trovato. Tout est fluide et attractif pour le visiteur. À Aix, comme le dit un slogan local, "la culture est partout".
On y vient avec plaisir. Disponible.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Du 30 mars au 27 avril 2013
Cité du Livre – rue Jacques Lacarrière
8/10, rue des Allumettes
Du lundi au samedi, de 10h à 19h
Entrée gratuite
Week-End BD
Vendredi 12 et samedi 13 avril, de 10h à 19h
Dimanche 14 avril, de 10h à 18h
Apéro Rencontres
Samedi 13 avril à 11h
Plus d’infos sur le site du festival