Comme il est des élèves qui se plaisent tellement à l’école qu’ils en deviennent professeurs, certains appelés entrés jeunes dans la Seconde Guerre mondiale ont eu plus de mal que d’autres à affronter la vie civile et sont restés soldats. On a déjà connu cela dans la BD : lorsque Buck Danny et ses camarades sont démobilisés à la fin de la guerre et rendus à la vie civile. Ils ont tôt fait de revenir sous l’uniforme !
Loiselet et Blary se penchent sur le destin de trois hommes et d’une femme que la guerre va se faire rencontrer, scellant entre eux une indéfectible amitié. Il y a Abdel, l’Algérien, Roger, le Français, Franz, l’Allemand et la résistante Jacqueline. Chacun a fait cette guerre parce qu’il devait la faire. Ils continuent leur combat au-delà de l’armistice, guerroyant de l’Indochine à l’Algérie dans un conflit ininterrompu : Franz passe de la Wermacht à la Légion étrangère, Jacqueline de la Résistance aux hôpitaux indochinois, Abdel et Roger changent de front, seuls les décors changent. Mais la Camarde, à la fin, arrête la course en pleine Guerre d’Algérie.
Les aquarelles de Blary illustrent à la perfection ce récit épique où les sentiments sont aussi confus que les temps incertains. Hervé Loiselet qui puise l’essentiel de son inspiration dans l’histoire familiale signe là le premier scénario sous son nom. Qualité rare, il raconte magnifiquement les combats et campe des personnages qui brûlent leur jeunesse dans l’action sur l’autel de la décolonisation.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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