A Paris comme en Belgique, la BD est à l’honneur.

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Rarement, une telle conjonction a eu lieu sur le sol parisien. Pas moins de trois expos occupent les cimaises parisiennes et pas les moindres : l'Ecole Nationale des Beaux-arts, Le Musée de l'Homme et le Centre Georges Pompidou. A l'affiche ? Les anciens comme les modernes, les réalistes comme les humoristes, les Belges comme les Français.

Annie Cordy a dit un jour : « Paris, c’est comme le champagne. Au début, cela ne vous dit rien, mais après, on ne peut plus s’en passer. » Pour la BD, Paris, c’est incontestablement le champagne ces jours-ci. Si l’envie bédéphilique vous prend d’y passer le week-end, n’hésitez pas : vous ne serez pas déçu.

De Geluck considéré comme l’un des Beaux-Arts

Nous avons écrit dans ces pages cette information que nous tenions de Geluck lui-même (et très loyalement reprise sans nous citer par certains de nos collègues) : le premier jour de l’expo a fait plus de deux mille visiteurs, une affluence digne d’une rétrospective internationale du type Warhol ou Picasso. Il faut dire que jamais on n’avait vu cela : un affichage Decaux dans toute la ville, une campagne de promo sans égale (Geluck a fait la totale) et puis surtout une expo sublime jouissant d’un budget de l’ordre de 1.5 millions d’euros financés par les Mutuelles du Mans (une assurance), les ministères belges et français de la culture, la Ville de Paris et la Mairie du 6ème arrondissement. En prime, le ministre de la culture est venu décorer l’artiste et un magnifique catalogue de 200 pages est venu prolonger la fête.


Le Catalogue du Chat: Comme les plus grands artistes, Geluck a son catalogue (Casterman).

Blake et Mortimer… ont envahi Paris…

La semaine suivante, c’est le centenaire de Jacobs qui était célébré, au Musée de l’Homme avec une expo impressionnante : Blake & Mortimer à Paris. Là aussi, c’est une première : c’est le Festival International de la BD à Angoulême qui décide, comme l’a dit son directeur Jean-Marc Thévenet, « de sortir de ses murs », annonçant une série d’autres initiatives du même ordre, tendant à imposer Angoulême comme un label de l’événement BD.


Blake & Mortimer à Paris: Le Musée de l’Homme confronte ses pièces aux BD de Jacobs. Photo : (c)Patrice Diaz - FIBD

Malgré les handicaps (les originaux de Jacobs ne sont pas au rendez-vous, mais d’excellents fac-similés), l’expo en impose, mettant en perspective les travaux de l’artiste avec les pièces archéologiques du Musée de l’Homme. La scénographie est astucieuse : par exemple, une fenêtre donne en plein sur la Tour Eiffel, comme sur l’affiche de l’expo qui reprend le sous-titre de l’album SOS Météores. Ici, c’est un hors série de Science & Vie qui prolonge l’évocation du maître belge de la science-fiction dessinée, de même qu’un nouvel album et une biographie.

Reiser For Ever

Au centre Georges Pompidou (un lieu dont nous avons noté tout l’ironie dans un précédent article), l’expo Reiser est populaire, d’autant qu’elle est gratuite et que son humour décapant et salace en distraient plus d’un.


Un hommage des collègues: Wolinski en tête et une trentaine de dessinateurs rendent hommage à Reiser à l’occasion de l’expo. (Ed. Denoël)

Moins dotée que ces prédécesseurs, cette expo n’en est pas moins prolongée par un livre d’hommages de dessinateurs pour les 20 ans de la disparition du maître de l’humour crade, Reiser forever (Denoël Graphic), un ouvrage détonnant cornaqué par Jean-Luc Fromental et Jean-Marc Parisis, dont nous reparlerons.


Jean-Luc Fromental: éditeur de l’hommage à Reiser, lors de l’inauguration (c) D.P.

2004 : Régis Loisel, Dave McKean, Sfar, Alan Moore et Franquin, ENFIN !

A côté de ces trois expositions prestigieuses, le Centre Belge de la BD à Bruxelles célébrait l’Italie dans le cadre d’Europalia avec une expo Fort Wheeling de Hugo Pratt et une autre faite d’autoportraits de Guido Buzelli (l’une et l’autre jusqu’au 30 novembre). En attendant une exposition Jacobs en mars 2004, avec les originaux de la Fondation cette fois. C’est au tour de Liège d’honorer Jean Giraud/Moebius, avec une exposition rétrospective vraiment grandiose. Tournai célèbre son régional de l’étape : Henri Vernes, auteur de Bob Morane. Autre jubilée : Les 75 ans de Tintin feront l’objet d’une édition spéciale en janvier, juste avant les expositions angoumoisines : Régis Loisel, comme il se doit, mais aussi Dave McKean, Sfar et Tchô.

L’année 2004 s’annonce d’ores et déjà très riche : Le Palais des Beaux-Arts de Charleroi s’apprêtant à accueillir « Alan Moore, les Images du Magicien », tandis que Paris accueillerait à la fin de l’année, une énorme exposition en hommage à Franquin (avec un budget semble-t-il encore supérieur à celui de Geluck), célébrant les 80 ans de sa naissance en 1924.

Une célébration est passée à l’as la semaine dernière : les 75 ans de Mickey. Sans doute le mauvais état de la multinationale de Burbank, que ce soit en ce qui concerne Eurodisney, le cinéma ou la presse, est en France semble-t-il condamné à la discrétion.

Sur le plan franco-belge, en tout cas, jamais la BD n’aura été autant à l’honneur que ces derniers mois.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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