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Angoulême 2020 : grève des auteurs le vendredi 31 janvier.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 22 janvier 2020                      Lien  
On vous disait hier que l’exécutif était attendu de pied ferme à Angoulême. Cela se confirme : le vendredi 31 janvier, les auteurs présents à Angoulême lèveront le crayon à 16h30 tandis que les organisations professionnelles appellent à manifester.

Décidément, la bande dessinée est en pointe dans la revendication des auteurs en France. La mesure est essentiellement symbolique : le vendredi 30 à 16h30, finies les dédicaces ! Les auteurs présents à Angoulême poseront le crayon et iront manifester pour signifier leur mécontentement.

« Le lieu de rendez-vous et les actions vous seront précisées très bientôt. Des actions seront aussi proposées à ceux et celles qui ne sont pas à Angoulême » annoncent les organisations professionnelles mobilisées : le Groupement des Auteurs de Bande dessinée (SNAC BD), la Ligue des auteurs professionnels, les États Généraux de la Bande Dessinée, l’adaBD (association des Auteurs de Bande Dessinée), et La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse.

Des actions seront coordonnées avec les collectifs d’auteurs et d’autrices mobilisées et ce, dans toute la France. « Les auteurs et autrices sont des gens individualistes dans leur comportement, mais qui ont de plus en plus conscience d’appartenir à un corps de métier, explique Christelle Pécout, porte-parole « du SNAC BD à notre confère Médiapart. Il n’est pas dit que durant cette année 2020 ils ne se mobilisent pas plus, pour arriver à un vrai boycott. Leur colère est grande, certains n’ont plus rien à perdre. »

Angoulême 2020 : grève des auteurs le vendredi 31 janvier.
Les membres de la Ligue des auteurs professionnels. Ils poseront le crayon le vendredi 31 janvier 2020.

Les revendications des auteurs portent sur un droit de 10% minimum et une « taxe Victor Hugo » sur les livres dans le domaine public dont le produit serait réinjecté dans l’aide à la création vivante. Il y a aussi une revendication pour une rémunération des auteurs présents dans les festivals et notamment pour les dédicaces. Et c’est le Syndicat National de l’Edition (SNE) dont le président est Vincent Montagne, président de Média Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Kana, Le Seuil, La Martinière…) qui est particulièrement ciblé par ces revendications : « Ce qui est d’autant plus incompréhensible, explique Christelle Pécout à Médiapart, c’est que le FIBD, l’état et les collectivités locales [d’Angoulême] sont plutôt d’accord avec nous. Et que plein d’autres festivals de bande dessinée plus modestes font aujourd’hui un effort certain, car ils ont compris dans quelle situation est l’auteur de bande dessinée aujourd’hui. Du coup, sur cette histoire de rémunération à la présence, c’est bien le SNE qui refuse de nous payer. »

À ces revendications s’ajoutent la reconnaissance d’un vrai statut pour l’auteur, un interlocuteur administratif unique, des retraites préservées, une prise en compte des revenus dits accessoires, des meilleures avances sur les droits d’auteur, une prise en compte des problèmes de maladie et de grossesse et, en ce qui concerne plus particulièrement les autrices, une parfaite égalité avec les hommes et l’attente d’être « mieux considérées et dans ce milieu encore très masculin, respectées et écoutées.  »

L’appel à "débrayer" à Angoulême

« Sans autrices et auteurs, pas de BD ! » résume l’appel. L’action ne s’arrêtera pas à Angoulême : il semble bien que toute l’année BD2020 sera une année de lutte.

Voir en ligne : Christelle Pécout sur le site de Mediapart

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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14 Messages :
  • Le grand bal des pleureuses a déjà commencé ! Pas besoin d’acheter sa place, on connait le scénario d’avance ! Les auteurs demandent de l’aide à L’Etat, alors que le système de contrôle étatique mis en place par J. Lang il y a des lustres arrive en bout de course. "L’Etat, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde."(F. Bastiat)

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    • Répondu le 22 janvier 2020 à  13:21 :

      PS : Frédéric Bastiat était un économiste libéral de la première moitié du XIXè s. qui s’est notamment opposé à Proudhon. Sa pensée se résume à une intervention minimum de l’État dans les affaires privées.
      Ce serait bien que les auteurs s’intéressent un peu plus à l’économie. Parce que oui, si on étudie les classiques (Ricardo, Malthus, Say…) et les néo-libéraux (Friedman, Hayek, voir Keynes), une intervention excessive de l’État conduit toujours a un appauvrissement de la création. Mais cela ne veut pas dire que qu’une intervention mesurée, un arbitrage pour rééquilibré la présente situation entre les différents intervenants de la chaîne du livre (de l’auteur au libraire en passant par les intermédiaires) ne soit pas devenu nécessaire. Les règles définies en 1986 sont désormais obsolètes et dangereuses à court, moyen et long terme.

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      • Répondu le 22 janvier 2020 à  18:52 :

        Voilà bien un discours d’éditeur, prêt à tout pour continuer à exploiter les auteurs (morts ou vivants).

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      • Répondu le 22 janvier 2020 à  19:33 :

        Pôôôôo un troll ultralibéral.
        Heureusement que le ridicule ne tue pas

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        • Répondu le 23 janvier 2020 à  07:21 :

          Vous n’avez pas lu la dernière phrase de mon commentaire. Pour battre ses ennemis, il faut commencer par les comprendre. Donc, s’intéresser à l’économie n’est pas un luxe pour un auteur mais un devoir. Oui, si l’État légifère EXCESSIVEMENT, il y aura appauvrissement de la création. Parce que la surproduction permet à plus de gens de tenter leur chance. Et que ce métier est basé uniquement sur le succès commercial. Mais si l’État légifère RAISONNABLEMENT, il y aura rééquilibrage des forces, une baisse de la surproduction, une plus forte sélection parce que plus de prises de risques de la part des éditeurs plutôt que de la part des auteurs. L’éditeur devra être plus sélectif parce qu’il ne pourra payer autant d’auteurs à des prix honteux. Donc, une diminution de la quantité de titres. Une augmentation de la qualité, une augmentation moyenne des ventes par titre et moins de place au hasard lié à l’unique succès commercial.
          Et vous n’avez pas lu le rapport Racine non plus. Moi, si. Et j’espère que ses 23 mesures préconisées verront le jour parce qu’elles sont saines et nécessaires.

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          • Répondu le 23 janvier 2020 à  12:47 :

            Le rapport parle exclusivement de nouveaux droits pour les auteurs ( salaire, secu, représentabilité syndicale etc) ainsi que des devoirs des éditeurs quand il s’engage avec un auteur (salaire, promotion, suivi etc) pas de la politique éditoriale d’une maison d’édition qui fort heureusement choisi ce qu’elle a envie d’éditer.

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            • Répondu le 23 janvier 2020 à  16:56 :

              Heureusement qu’il ne définit par la politique éditoriale des éditeurs ! On n’est pas dans une dictature !

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      • Répondu par Evariste Blanchet (Bananas) le 26 janvier 2020 à  15:17 :

        Même en ajoutant une nuance ("Voir(e)"), classer Keynes dans les néo-libéraux me paraît un rien exagéré ...

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        • Répondu le 26 janvier 2020 à  17:55 :

          Keynes s’est lui-même qualifié de "new-liberal" et Moggridge l’a présenté ainsi à défaut de meilleur terme. Mais oui, c’est le keynésianisme qui le qualifie le mieux !

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  • Il y a une raison pour la situation actuelle de précarité des auteurs qui n’est pratiquement jamais abordée. Ils sont beaucoup trop nombreux à vouloir vivre de ce métier. Et le fait que beaucoup d’écoles en sortent des nouveaux chaque année n’arrange pas la situation.

    C’est comme si on nous disait qu’il y a 3 écoles pour former des présidents de la république, et qu’il en sort 5 par promo par école chaque année. Alors qu’on n’en a besoin, au final, que d’un tous les 5 ans.

    Je vois un peu le monde de la bd sous cette optique. En plus du fait que les éditeurs publient tout et n’importe quoi (quand on voit certaines m...es, on se demande où on va).

    Le marché n’est pas extensible à l’infini. Même si on nous annonce chaque année que le secteur a progressé de x%, je pense que c’est bien peu pour accueillir tous ces nouveaux auteurs. Plus on divise le gâteau, plus les parts sont petites. Voire très petites pour les débutants.

    Pour ce qui est des décicaces lors des salons. Je suis d’accord de dire qu’il est scandaleux que les gros éditeurs qui ont des budgets énormes, estiment que c’est en dehors de leur moyens de prendre soin de leurs auteurs pendant ces activités.
    Pour autant je suis contre le fait que de l’argent public soit donné aux auteurs. L’état doit être là pour légiférer s’il y a abus, pas pour distribuer sous prétexte de culture. En plus du fait que je suis certain que, si argent il y avait un jour, il serait capté par les profiteurs bien avant d’arriver dans la poche des auteurs. (Et les éditeurs seraient capables de réduire encore plus les sommes qui reviennent aux auteurs sous prétexte qu’il y a de l’argent qui arrive autrement)

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    • Répondu le 24 janvier 2020 à  06:10 :

      Avant de sortir vos préjugés, lisez le rapport Racine. Vous comprendrez que la création n’est pas compatible avec le malthusianisme et que le budget du ministère de la Culture ne sert pas que pour les petits fours. ø moins que vous soyez pour la suppression du ministère de la Culture et que vous ayez une solution finale pour supprimer les artistes en trop.

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    • Répondu par yOyO le 25 janvier 2020 à  21:47 :

      Je suis assez d’accord avec ce constat, en surmultipliant le nombre d’auteurs et le nombre de sortie de one-shot plutôt que de série, les éditeurs ont compris 1 truc : ils augmentent leur chiffre et leur marge car ils augmentent les prix, le livre ne reste pas longtemps en nouveauté (à peine 15jours) donc moins de visibilité et pas de droit à payer (puisqu’une fois passé 15jours il disparaît dans la masse). Ce constat est pessimiste mais me semble réel.

      Comme je l’avais dit dans un autre post, il ne faut pas oublier certaines choses concernant les dédicaces, les auteurs n’en ont aucune obligation de se prêter à ce jeu.

      On aura beau dire et faire des débats, tant que les lois officielles ne changeront pas (prix fixé par l’éditeur par exemple), rien n’avancera.

      Concernant les solutions j’ai quelques propositions à faire (que j’avais déjà suggéré).
      - Mettre en place un système obligatoire de comptabilité par les libraires lors des festivals afin que l’éditeur rémunère directement les auteurs présents dans ces festivals sur les livres vendus dans la manifestation (en clair un éditeur devra reverser une part plus importante à un auteur et ce dans un délai de 30-40jours après la manifestation). L’auteur toucherait par exemple 3 ou 4€ par livre vendu sur festival au lieu des 30 scandaleux centimes, Je pense que ça réencouragerait les auteurs à se déplacer et à dédicacer davantage, sans que ça impacte sur le portefeuille du lecteur, et les éditeurs seraient plus généreux.

      - Dans les grandes manifestations comme Angouleme où les éditeurs ont leurs stands, la part libraire est économisée par l’éditeur (sur de l’achat obligatoire rappelons-le), donc il faut trouver un terrain d’entente afin que cette part qui rentre dans la poche de l’éditeur soit en partie reverser aux auteurs : une part pour l’éditeur, une part pour l’auteur au pro-rata des heures de dédicaces passée (un auteur qui dédicace 3H pendant 4jours toucherait plus qu’un auteur qui dédicace 2h sur 1jour). Cette solution doit s’appliquer sur TOUS les livres vendus sur ce type de manisfestation et pas que sur les livres de chaque auteur (car dans de nombreux cas le lecteur va acheter une BD d’un auteur X afin d’avoir un ticket pour une dédicace d’un auteur Y).

      Au plaisir de discuter de tout ça ... certains seront d’accord et d’autres non ...

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      • Répondu le 26 janvier 2020 à  13:08 :

        Sur les salons comme Angoulême, ce sont aussi des libraires qui tiennent les stands. C’est la loi. Donc, il faudrait nuancer votre proposition. Les libraires ne peuvent pas travailler gratuitement non plus.

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        • Répondu par yOyO le 26 janvier 2020 à  18:13 :

          Je suggère que les marges soient mieux partagées comme je l’ai dit entre éditeurs, libraires et auteur.

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