Aquablue, T14 : Standard Island - par Hautière & Reno - Delcourt

Le retour des Terriens sur Aquablue suscite beaucoup de méfiance. Personne n’a oublié les blessures du passé. Aussi, lorsqu’est signalée l’existence d’un important chantier naval sur la banquise au nord de la planète, Nao décide d’enquêter. Sur place, l’accueil est glacial. Et les questions sur le contenu des hangars demeurent sans réponse. Pourtant, l’un d’eux possède des proportions gigantesques...

En réalité, un mystérieux armateur envisage de couvrir ses océans de gigantesques paquebots, véritables villes flottantes pouvant accueillir plusieurs milliers de passagers en quête d’exotisme et d’eaux translucides. Si Nao et ses amis se montrent très sceptiques, certains natifs sont plus réticents encore, prêts à prendre les armes pour empêcher les Terriens de transformer leur planète en parc de loisirs.

Nous avions publié naguère une [analyse détaillée de la reprise-art12622] de cette série phare du catalogue de Delcourt par Régis Hautière et Reno. Voici donc déjà le troisième tome du nouveau duo, qui prouve la réussite du concept ! Le tandem dépoussière le mythe Aquablue tout en l’ancrant dans les préoccupations actuelles.

Les nouvelles intégrales viennent renforcer la présence d’Aquablue en cette fin d’année

Hautière élabore les arcanes de son complot, tout en renforçant l’accroche psychologique de ses personnages. Le troisième tome de son intrigue se révèle plus dense et sombre que les deux premiers. Ceux qui veulent faire main basse sur Aquablue tentent d’éliminer des protagonistes rencontrés dans les premiers tomes de Cailleteau & Vatine. Quant au lecteur attaché a la galerie de personnages qui accompagnent Nao depuis des années, il devra s’attendre à ce que ceux-ci affrontent des péripéties douloureuses... voire funestes.

Le dessin de Reno vient renforcer la modernité du scénario de ce nouveau cycle. L’outil informatique omniprésent rend la comparaison impossible avec les dessinateurs précédents : on pense bien entendu à Olivier Vatine, mais aussi Siro et Tota. On n’en demeure pas moins ébloui des compositions urbaines et naturelles de Reno, avec un coup de cœur pour le splendide bateau sur lequel se focalise ce tome 14. Revers de la médaille : un appui photographique trop perceptible pour certaines cases, mais cela demeure suffisamment rare pour gâcher son plaisir.

Les deux auteurs font donc mouche avec ce récit de science-fiction qui fait écho aux sombres heures de la colonisation ainsi qu’aux dissensions mondiales Nord-Sud qui débouchent actuellement sur un terrorisme aveugle.

Cette nouvelle sortie est portée par une remise en place des aventures précédentes sous forme d’intégrales. Après la nouvelle reliure des cinq premiers tomes l’année dernière, deux nouvelles intégrales viennent compléter la donne : le cycle d’Étoile blanche dessinée par Tota, ainsi que les tomes 8 et 9 repris dans une seule mouture. De quoi redonner envie de se ’plonger’ dans les eaux tumultueuses de ces passionnantes aventures.