Ce nouveau tome [1] des aventures d’Arthur Curry, alias Aquaman, se déroule après les événements du Trône d’Atlantide, relatés dans le tome trois de la Justice League. Les lecteurs d’Aquaman devront donc faire un détour par cet album, pour connaître le détail de la guerre qui a mené Arthur à reprendre le trône qu’il avait laissé à Orm.
Au scénario, nous retrouvons Geoff Johns qui signe ici la fin de son run, qui conclut sa réinvention et sa reconstruction de l’univers d’Aquaman [2]. Au dessin Ivan Reis, « transféré » sur Justice League, laisse sa place à Paul Pelletier. Bien qu’en dessous de celui de son prédécesseur, son trait n’en reste pas moins très efficace, offrant au lecteur des scènes sous-marines et d’action de grandes qualités.
Avec cet arc final, Johns explore un dernier élément du personnage d’Arthur : sa destinée de roi, à laquelle il a longtemps tenté d’échapper. Cependant, en tant qu’homme du dialogue, de la conciliation, et de l’entraide, Arthur possède depuis toujours les attributs d’un souverain-né -comme lui fera remarquer à plusieurs reprises Vulko, son « mentor ». Un problème se pose pourtant à lui : ayant peu séjourné en Atlantide jusqu’à présent, il la connaît mal, ainsi que ses habitants, qui regrettent l’abdication d’Orm, et ne lui pardonnent pas de l’avoir livré à la « Surface », pour qu’il y soit jugé.
Arthur se retrouve donc seul, surtout que Mera ne l’a pas suivi. En effet la compagne d’Aquaman vient d’une tribu sous-marine, Xebel, ennemie de toujours d’Atlantide. Restée à la surface, dans leur maison de Boston, elle tente de son côté de mener une vie aussi normale que possible –symbolisée par le chien dont elle s’occupe, un élément à fois trivial et bien trouvé. Mera apparaît une nouvelle fois comme un personnage très réussi, forte et libre, assumant elle-aussi une destinée tiraillée entre deux mondes, voire trois (Xebel, Surface et Atlantide).
C’est sur cette base qu’un double danger frappe Atlantide : d’abord celui d’un marchand d’armes, le Charognard, avide de sa technologie ; puis celle d’un ancien roi atlante, revenu d’entre les morts. La mythologie d’Aquaman continue de se développer d’une belle façon, avec les origines secrètes de la cité sous-marine et la mise en place d’une galerie de personnages secondaires, des Atlantes, fort sympathiques. À cela s’ajoute une bonne dose d’action, d’émotion (les séparations et les retrouvailles d’Arthur et de Mera) et, bien évidemment, de bravoure !
D’autres éléments viennent compléter ce panorama, déjà très complet, comme une nouvelle version de Topo, la « pieuvre » d’Aquaman, très étonnante ! L’album propose également un épisode spécial, le #23.2, consacré à Orm (le #23.1, non présent ici, étant dédié à Black Manta). Le frère d’Aquaman commence à construire son personnage de banni, ambigu, haïssant les humains, mais doté toujours de certains principes moraux. Lui aussi cherche désormais sa place dans le monde...
Le dénouement de l’arc apparaît par contre un peu rapide, les « machines » de Johns étant comme souvent plus longues à mettre en place qu’à être résolues. Cependant la séquence finale, grandiose, dans laquelle Arthur assume enfin pleinement son statut de roi, face à l’ancien roi mythologique, balaie facilement ce bémol. On regrettera simplement qu’il ne garde pas la barbe de souverain des mers - mais Mera n’aime pas !
C’est sur cette conclusion, avec Arthur gagnant finalement le respect des Atlantes et acceptant sa destinée de roi, que Johns quitte un navire qu’il aura su mené à bon port. Son run aura été marqué par une suite d’arcs narratifs passionnants et haletants, mais qui n’auront pas laissé le temps à ses personnages de respirer, toujours ballottés d’une menace à une autre. C’était sans doute le prix à payer pour reconstruire aussi complètement un personnage, ses alliés, ses ennemis et son univers mythologique. Un run qui demeure dans tous les cas une formidable réussite !
Comme à son habitude, Johns finit sur un épilogue annonçant au lecteur un futur événement : Rise of The Seven Seas, sept royaumes des mers pour sept rois ! Une accroche qui n’est pas sans rappeler évidemment le thème central de son fameux run sur Green Lantern ! Néanmoins à sa décharge, le motif des sept rois des mers colle naturellement à cet univers.
Toujours est-il, que si tout cela apparaît alléchant, un peu de calme fera sans doute également du bien au personnage. Désormais entre les mains de Jeff Parker, qui a repris le titre à la suite de Johns, il nous reste à découvrir la façon dont cet univers peut vivre sur le long terme !
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Aquaman T3. Par Geoff Johns & Paul Pelletier. Traduction Edmond Tourriol. Urban Comics, collection "DC Renaissance". Sortie le 20 juin 2014. 216 pages. 19,00 euros.
Commander cet album chez Amazon ou à la FNAC
Lire la chronique du tome 1 de la série
Lire la chronique du tome 3 de la Justice League
[1] Les épisodes contenus dans Aquaman T3 : La mort du roi sont :
Aquaman #17-19, #21-25, #23.2 (février 2013 à novembre 2013)
[2] À noter qu’une erreur s’est glissée dans les fiches de présentation des personnages, ouvrant l’album : L’origine d’Orm qui y est décrite est celle dite pre-Crisis et non sa nouvelle, dite New 52 !
Participez à la discussion