Enfant, le jeune Bertin se passionnait pour les aventures de Tintin, mais quelque chose le chiffonnait : pourquoi diable ne pouvait-il pas lire les articles de son reporter préféré dans le journal ? Mmm ? Étrange affaire, non ? Il n’en fallait pas plus pour faire naître une vocation et bien des années plus tard, Bertin réalise son rêve et devient journaliste comme son héros à houppette.
Et comme il faut commencer avec humilité, le voici affecté au service nécrologie de L’Écho du Mont-de-Dour-Uduluc, idéal pour un premier contact avec la vie trépidante d’une rédaction. Et puis un jour, Ricco Chaix, le reporter vedette du quotidien, meurt, écrasé par un œuf d’autruche… Un drame pour la rédaction, mais voici lancée la carrière de Bertin, qui s’élance sur les routes communales, voire départementales, à la recherche du scoop et de la Vérité.
On aura vite compris : des titres (aussi accrocheurs que Le Marché de Noël , Le Pont, Les Noces de diamant...) de la dizaine d’enquêtes de terrain, à l’extrait de Une qui clôt chacune des quatre pages où sévit l’intrépide Timbert, tout n’est que prétexte à catastrophes improbables provoquées par le héros.
Car il suffit que ce Tintin au petit pied surgisse pour que s’enchaînent les accidents les plus spectaculaires. Fascinant pouvoir de nuisance involontaire ! Les courts récits de Derycke partent du reportage le plus banal, en effet du genre de ceux de la Presse Quotidienne Régionale, pour finir dans de sordides faits divers à la Détective…
On se retrouve vite en pièces détachées dans la région de Bertin Timbert. La construction graphique de ces histoires est ingénieuse : trois pages où la situation est exposée, avec l’arrivée du journaliste, et une page finale en apothéose, avec en conclusion, un extrait de la Une qui résume à lui tout seul la cascade d’événements narrée depuis le début. Superbe idée !
Devig semble prendre plaisir à dessiner des épigones de Tintin, qu’il soient franchement benêt, comme son inénarrable Scott Leblanc (avec Geluck) ou, guère plus finaud, ce Bertin Timbert. C’est en tous cas avec jubilation qu’on le voit allier ligne claire et hémoglobine à gogo dans cette nouvelle série, franchement drôle.
(par Fred PRILLEUX)
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