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« Black » annonce le retour des avant-gardes « soft »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 février 2004                      Lien  
Le dessinateur italien Igort est devenu en quelques mois, une espèce de coqueluche de la BD parisienne. En peu de temps, il a réussi à s'imposer dans le catalogue de l'éditeur Vertige Graphic, s'associant à ce label pour y créer une collection, Coconino Press, sœur jumelle de l'édition italienne. Avec comme fer de lance, la revue « Black » annoncée comme un rendez-vous des avant-gardes internationales.

L’idée est si bonne qu’elle a séduit l’équipe du Festival International de la BD d’Angoulême, semble-t-il en mal d’imagination, qui reprend à son compte le concept inventé par Igort d’une « exposition internationale des avant-gardes » dont elle annonce la première édition en 2005. Une aubaine pour le jeune et talentueux dessinateur italien qui opère comme une espèce de Tristan Tzara de la BD (Tzara est le fondateur du groupe « Dada » précurseur du Surréalisme), vivant entre Paris et l’Italie, apprécié à Amsterdam comme à Francfort (il y a reçu un prix en octobre dernier) et initiateur de ce projet.

Un Tristan Tzara de la BD ?

On connaît peu, dans la BD, de « mouvements artistiques » qui aient marqué le médium. On se souvient certainement de L’underground avec Crumb en figure de proue dans les années 70. Mais c’était davantage le fait d’individualités. On a vu passer des groupes-météores, comme Bazooka à la fin des années 70, ou encore Le Neuvième Rêve ou Le Nil, ces derniers autour d’écoles de BD. Il y a les groupes d’artistes fédérés par une revue, comme Métal Hurlant, A Suivre, Fluide Glacial ou Frigidaire en Italie qui ont pu créer un « effet d’école ». Idem plus récemment pour des labels comme Drawn & Quaterly au Canada ou encore L’Association. Mais à part ces « groupements d’intérêt économique », seul le mouvement de la Ligne Claire ou encore « Style atome » des années 80, théorisé par Joost Swarte (« De Klare Lijn » et « Swarte 30x40 »), puis par Bruno Lecigne (« Les Héritiers d’Hergé ») ou encore par le collectif « Le Style atome et l’Expo 58 », avec Yves Chaland en chef de file, a su créer un corpus critique et historique qui permette de le situer dans une hypothétique « histoire des mouvements de la BD européenne ».

Les « avant-gardes ‘soft’ »

Avec Black dont le premier numéro paraît ces jours-ci chez Vertige Graphic, Igort affiche son ambition. Le sous-titre de la revue, dont la couverture est conçue par David B, s’intitule « le retour des avant-gardes ’soft’  ». Au sommaire, outre le sémillant condottiere, on trouve les signatures de David B, Ayroles, Ponchione, Olivares, Giandelli, Seth, Baru, Di Domenico, Gipi, Marzocchi, Zeman, Semerano, Menotti, Nora, Khane et Cerri. Si on y ajoute Mazzuchelli qui fait l’objet d’une conversation avec Igort et des pages de Tatsumi, l’inventeur du courant adulte japonais des années 60, le « gegika », on y trouve en effet comme « un air de famille » d’autant plus étonnant que ces auteurs viennent d’horizons et, parfois, de générations, très différents.

Un style international

La revue « Black » nous propose là une véritable réflexion sur un « style international », comme il y en a un en architecture, dont les influences s’interpénètrent et se fertilisent. Même si le procédé est vieux comme le Surréalisme (qui allait chercher Lautréamont, Rimbaud et Freud parmi ses ancêtres), même si, conceptuellement, Igort a encore du chemin à faire dans l’articulation de ses constructions théoriques, on pressent néanmoins qu’il a raison et que sa réflexion recouvre une réalité tangible. La tentative est en tout cas passionnante.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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