Parlons d’entrée du dessin de Christophe Simon, dont le dessin filigrané en taille douce pour la couverture qui allie élégance et précision séduit d’entrée. Assistant à ses débuts du célèbre Jacques Martin, le créateur d’Alix, il a entretemps pris de l’épaisseur en succédant à Paul Cuvelier sur Corentin sous la houlette du madré Jean Van Hamme (sa contribution dans l’album-mook du 77e anniversaire du Journal Tintin, lui rend précisément hommage) puis dans le One Shot Kivu. Cela aboutit à un trait d’une belle facture classique, en particulier dans les portraits et les décors, qui s’inscrit dans la tradition de l’École belge : dessin documenté, précis et détaillé, composition claires et sobres, auxquelles es couleurs d’Alexandre Carpentier confèrent une efficace lisibilité.
Le récit de Tristan Roulot s’inscrit lui aussi dans cette veine « belge ». Envoyé en Birmanie remplacer ad interim l’ambassadeur de France hospitalisé pour intoxication alimentaire (en réalité un empoisonnement) le jeune diplomate Jean d’Arven s’y rend accompagné de son cuisinier-chauffeur-conseiller politique et amant Jacques. Mais prenant ses fonctions, il doit composer avec un conseiller militaire caricatural, une barbouze, qui, apparemment, roule pour les Communistes…
Rien de très profond dans cette aventure, mais une bonne leçon d’histoire qui contextualise, sur la base de documents d’archives, l’impact de la Seconde Guerre mondiale dans la chute des grandes puissances coloniales européennes en Asie du Sud-Est, sur fond du "Grand Jeu"de Guerre froide. La Birmanie, grand territoire peu peuplé situé entre l’Inde et l’Indochine, fait partie du grand nombre de nations qui se libèrent dans ces années-là de la tutelle de leurs anciens colonisateurs, en l’occurrence l’Angleterre, dans le cas birman.
De cette pédagogie se déduit une histoire simple, avec un antagoniste immédiatement indentifiable : la barbouze renégate et une alliée improbable : une vieille Française un peu toquée bousculée par la révolution birmane. C’est beau comme du Jacques Martin. Christophe Simon n’a pas dû être trop dépaysé…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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