Photographe laborieux qui fait bouillir la marmite en immortalisant des notables, Joseph Wallace tombe par hasard sur des tribus indiennes. Sa vie s’en trouve totalement bouleversée. Joseph veut préserver leur mémoire, apprend leur langue. Il rencontre aussi une femme libre et fascinante, qui se donne sachant qu’il est père de famille. Sans cesse en quête de soutien pour approfondir ses reportages en pays indien, le photographe devient un missionnaire de la cause sioux, tandis que son ami universitaire semble lui faire faux bond.
Le fond et la forme. Thierry Murat orchestre un récit dont l’allure très romanesque donne une large place aux voix off, sur un ton intimiste qui nous plonge dans les troubles du photographe. Il parvient aussi à évoquer le sort des indiens. On oublie peut-être, aujourd’hui, l’ampleur du massacre [1]. Le choix des couleurs, souvent en fond granuleux, ancre le récit dans des ambiances crépusculaires qui amplifient la solitude, parfois la force des personnages. Un parti-pris renforcé par des jeux d’ombre splendides. Le Joseph de Thierry Murat est d’autant plus attachant qu’il n’a rien d’héroïque, même quand il parcourt les plaines seul à cheval en territoire hostile. Il comprend, et nous aide à le faire, ce qui est en train de se jouer aux États-Unis en cette fin de 19ème siècle. La fin d’une civilisation.
(par David TAUGIS)
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