Fahrenheit 451 - Par Tim Hamilton & Ray Bradbury - (...)

Fahrenheit 451 - Par Tim Hamilton & Ray Bradbury - Casterman

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Malgré quelques longueurs, voilà une excellente adaptation du roman culte de Bradbury. Il s'en échappe tout un flot de questionnements, renforcé par notre société actuelle où les bibliothèques ont plus tendance à fermer qu'à s'ouvrir.

Guy Montag exerce le métier de pompier depuis dix ans : il a pour mission de brûler les livres interdits par la loi, susceptibles de troubler l’ordre public. Un soir en quittant son service, il rencontre une jeune fille aux goûts étranges pour leur société où la vitesse prime sur le reste : effectivement, l’adolescente marche dans les bois, regarde la lune et déambule sous la pluie.

Cette intrigante rencontre bouleverse notre pompier : il y aurait d’autres sentiments que ceux vantés par les murs-écrans de sa maison ? Que renferment donc de si précieux ces livres pour lesquels certains de leurs propriétaires sont prêts à mourir plutôt que de s’en séparer ?


La rencontre entre le pompier et la jeune fille.: Tiré de la version anglaise. Le livre édité par Casterman est bien entendu traduit.

Voici une partie de la vision de l’avenir transmis par le romancier Ray Bradbury en 1953 : "Les livres, d’après ces fichus snobs de critiques, ne sont plus que de l’eau de vaisselle. Pas étonnant qu’ils cessent de se vendre. Le public, sachant ce qu’il veut, ne laisse que la bande dessinée surnager".

Titrant avec cette température à laquelle le papier brûle, Bradburry a lui-même adapté son œuvre avec le dessinateur Tim Hamilton. Sans conteste, une réussite ! Les personnages sont torturés dans une époque où l’Amérique semble ne plus évoluer. Le temps passe si vite qu’il faut avant tout s’amuser et arrêter de réfléchir.

En suivant cette démarche de connaissance de leur ’héros’ pompier, Bradburry et Hamilton parviennent à toucher la course au temps de notre société avec une efficacité rare : malgré la frontière qui paraît de plus en plus floue, l’identification est rapide, et la qualité des dessins d’Hamilton rend cette culture fasciste d’une réalité malsaine. Cette vision n’en reste donc pas moins prophétique, dans à notre époque où information remplace instruction, et où l’instantané prévaut.

Bien sûr, pas d’autodafeurs en vue, mais si le marché du livre se tient, les bibliothèques se vident. Pourquoi lire les classiques lorsqu’on observe l’abondant choix de la nouveauté ? Non, décidément, Farenheit 451 écrit il y a près de soixante ans n’aura jamais été aussi actuel. Et si quelques dialogues peuvent parfois sembler un peu longs, c’est pour être certain d’avoir posé assez de questions au lecteur. On en sort remué, avec une pensée pour ces livres lus, et qui vous font toujours vivre.

(par Charles-Louis Detournay)

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