Nous pouvons dire que depuis ses débuts Innocence a fini par trouver un style baroque remarquable, à grand renfort de postures punk-rock, de personnages androgynes, d’érotisme et de doubles pages oniriques faisant la part belle à un lyrisme mêlant préciosité et crudité de façon sidérante.
Et cela toujours en suivant la trame historique, faisant apparaître régulièrement les grandes figures, dans un style baroque-punk, qui allaient participer de près ou de loin aux événements de la Révolution Française, avec comme acteurs privilégiés Charles-Henri Sanson et sa sœur rebelle Marie-Josèphe, tous deux bourreaux.
Ces deux nouveaux tomes se composent de trois grands segments. Tout d’abord, afin de bien embrasser l’avenir, nous revenons sur le passé et sur la naissance de la famille Sanson en tant que lignée de bourreau du roi.
Nous découvrons ainsi l’histoire de l’ancêtre de Charles-Henri et de Marie-Josèphe, pas très glorieuse, construite autour de la pulsion lubrique et de la manipulation. Un « innocent » responsable d’avoir précipité leur famille dans la condition de bourreau, vécue depuis comme une malédiction par sa descendance.
Le passage sert également à rappeler le destin des femmes de la famille Sanson -perpétuer la lignée- auquel Marie-Josèphe n’a jamais cessé de se soustraire afin de vivre sa vie de manière libre et indépendante.
Nous avons ensuite le sacre de Louis XVI qui devient roi de France, mais c’est surtout la liberté que le nouveau statut de reine apporte à Marie-Antoinette qui se trouve au cœur de ce moment, avec un bal auquel elle invite Marie-Josèphe afin de se venger. Mais évidemment l’indomptable Sanson a plus d’un tour dans son sac et n’a peur de rien comme va le redécouvrir la nouvelle reine !
Enfin le tome trois s’achève sur un épisode consacré à Jeanne de Valois-Saint-Rémy... totalement fantaisiste par rapport à l’Histoire, dont une rencontre avec le Marquis de Sade et une scène sur l’échafaud, mais qui permet une nouvelle fois à Shin’ichi Sakamoto de développer sa thématique sur le destin des femmes à cette époque.
Sulfurant et flamboyant, Innocent Rouge continue donc de s’affirmer comme une lecture forte bien que son style et ses écarts par rapport à l’Histoire ne seront pas forcément au goût de tous !
(par Guillaume Boutet)
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Innocent Rouge T2 & T3. Par Shin’ichi Sakamoto. Traduction Sylvain Chollet. Delcourt/Tonkam, collection "Seinen". Sortie le 7 juin 2017 & le 15 novembre 2017. 208 pages. 7,99 euros.
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