Amis depuis l’enfance, ils rêvent de partager leurs passions, surtout musicales. Boostés par la fougue contagieuse d’un ex de Radio Caroline, Alban et Pablo lancent leur radio pirate confidentielle, émettant dans un périmètre restreint. Malgré les menaces de la police, les brouillages, l’argent qui manque, le virus a fait son effet : ils n’abandonneront pas...
Itinéraire à la rupture annoncée de deux passionnés, Interférences a le mérite de rappeler la guerre des ondes qui a sévi en France, essentiellement entre 1977 et 1981. L’album évoque à la fois la révolution qui a permis l’arrivée de radios "libres" dans l’hexagone, mais aussi les oppositions morales entre partisans de l’indépendance et de la libre parole et ceux des radios commerciales, recherchant audiences et bénéfices. L’album ne constitue donc pas une histoire de ces radios pirates, mais zoome sur une aventure particulière.
L’opposition politique entre Pablo et Alban manque de crédibilité, d’autant que les tensions entre eux apparaissent avant leurs premières émissions communes. Certaines radios historiques, comme Lorraine Cœur d’Acier ou Radio Libertaire, auraient pu avoir une petite place dans cette histoire. Un récit qui cite brièvement quelques noms mais n’évoque ni les radios communautaires ni les spécialistes des musiques rares... Et encore moins Carbone 14, un sommet de délire provocateur, pourtant formateur de futures stars...
Si une véritable histoire de la libération des ondes reste à raconter en BD, des essais sur le sujet sont apparus dès 1986 [1]. Interférences propose certes de suivre l’évolution de cette lutte médiatique de manière un peu étroite, mais on doit louer deux qualités précieuses : une narration très pédagogue, et de jolies scènes autour des découvertes musicales de la décennie 1970, probablement la motivation première de ces pirates du siècle dernier.
(par David TAUGIS)
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